TPBM : Comment fonctionne cette nouvelle unité de production de biométhane ?
Jean-Louis Chaussade : C'est un processus en deux étapes. D'une part, il s'agit de produire du biogaz, ce que nous faisons par un processus dit « de digestion » à partir des boues de la station d'épuration - installée sous le stade Vélodrome - qui sont envoyées à Sormiou. Ces boues sont digérées par des bactéries qui produisent du méthane. Ensuite, si on veut injecter du méthane dans un réseau de gaz, il faut le nettoyer, c'est-à-dire enlever la vapeur d'eau et le CO2. Ici, vous avez ainsi un gaz qui est produit et qui est ensuite traité pour être réinjecté.
Cette installation est présentée comme la plus grande usine de production et d'injection de biométhane de France…
Il y a toute une série d'usines qui sont en train de s'équiper, comme par exemple celle de Strasbourg [Bas-Rhin, ndlr] que nous avons aménagée il y a deux ans. Mais celle-ci sera la plus grosse. L'usine est en fonction depuis le 1er janvier. A terme, elle alimentera l'équivalent de 2 500 foyers, et aujourd'hui, d'ores et déjà une grosse moitié.
Quel investissement a représenté cette nouvelle unité ?
Le coût s'élève à 9,2 M€ qui se répartissent avec différents financements, la métropole Aix-Marseille Provence (2,65 M€), Suez (2,38 M€), l'Agence de l'eau Rhône Méditerranée Corse (2,52 M€), la région (800 000 €) et l'Ademe* (640 000 €). L'important ici, c'est que nous avons refait les digesteurs et ensuite installé des équipements qui permettent le traitement du gaz. L'unité sera exploitée par Suez. Nous sommes producteurs de gaz au sens où on fournit à un réseau un gaz d'une certaine qualité, et nous ne sommes ni l'opérateur du réseau, ni le distributeur.
A terme, quelle part peut représenter le biométhane dans la consommation de gaz en France ?
Je pense qu'un objectif raisonnable dans un délai pas trop éloigné, c'est une production en France de l'ordre de 10 %, mais ça demandera déjà des efforts d'équipements considérables. Et pour ça, il faut que le biométhane qui est produit soit compétitif. Aujourd'hui, il n'est compétitif que parce qu'il est subventionné, comme d'ailleurs les énergies renouvelables à leur démarrage. Donc nous sommes dans un processus de démarrage de technologie nouvelle mais progressivement, on va utiliser de plus en plus de biogaz dans les réseaux.
Qu'est-ce qui va rendre le biométhane compétitif à terme ?
Il est difficile de répondre à cette question. D'abord, il y a la courbe d'apprentissage qui permet de faire au fur et à mesure des usines de moins en moins cher, et donc de produire de manière plus performante du biogaz. Ensuite, des éléments réglementaires pourraient intervenir. Si un jour on met un prix carbone, il est certain que le biogaz deviendra plus compétitif que le gaz d'origine fossile. Il y a un certain nombre d'éléments où on va mélanger la technique, le réglementaire et la volonté politique.
* Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie.