Il y avait vraisemblablement une carte à jouer pour les destinations touristiques en cette année de crise sanitaire. Les Français se sont massivement tournés vers les destinations nationales, ce qui a largement profité aux Hautes-Alpes. « Jamais nous n'avons autant accueilli de visiteurs l'été », introduit Yvan Chaix, directeur de l'Agence de développement économique et touristique des Hautes-Alpes (Addet 05).
Il s'agit d'une saison record en termes de fréquentation et de consommation touristiques. Avec 11,59 millions de nuitées et 366 M€ de chiffre d'affaires, l'activité touristique a bondi de 11% par rapport à l'été 2019.
« Depuis 2015, le département connaît une progression continue de l'activité estivale. Cette année exceptionnelle est liée au Covid-19. Il faut noter un attrait pour la montagne en cette période tourmentée, un effondrement des déplacements d'étrangers dans les Alpes-Maritimes, à Paris, en Normandie, ce dont nous avons paradoxalement profité, les efforts des acteurs du tourisme et une météo au beau fixe pendant deux mois. C'est à la fois un soulagement après un printemps terrible, et une espérance, avec un regain d'intérêt durable pour la montagne. On a séduit une nouvelle clientèle que l'on espère fidéliser. Une clientèle jeune – des trentenaires avec enfants – qui avaient une vraie appétence pour la montagne et ont bien goûté aux activités », signale M. Chaix.
Si le lac de Serre-Ponçon a aimanté les touristes, tous les sites ont profité de cet afflux, en particulier les parcs naturels, les stations et les hautes vallées comme Névache, Ailefroide, la Chapelle-en-Valgaudemar. « Les gens avaient besoin de grands espaces », justifie le directeur de l'Addet.
Le pic des 300 000 visiteurs atteint
Tout le monde a globalement profité de cet engouement. Cette période a été moins faste, en revanche, pour les gestionnaires de cinémas, piscines, centres de vacances, certains campings ou encore de nombreux organisateurs d'événements sportifs ou culturels contraints à l'annulation.
La baisse significative du nombre d'étrangers (- 26%) a été grandement compensée par la progression du nombre de touristes français dans les Hautes-Alpes, dont un tiers de Provence-Alpes-Côte d'Azur. Des clients qui ont, pour la moitié d'entre eux, réservé tardivement, et se sont principalement déplacés les trois premières semaines d'août, avec un taux d'occupation moyen de 64,5%. Les deux-tiers de l'activité estivale ont d'ailleurs été portés par ce seul mois. « Ce n'est pas nouveau », commente Yvan Chaix. Ce qui l'est, en revanche, c'est le cap des 300 000 visiteurs franchi, contre 270 000 habituellement aux alentours du 15 août.
Les hébergements professionnels (résidences de tourisme, meublés, hôtels, etc.) enregistrent une hausse de 8% et la progression est encore plus marquée (+ 15%) du côté des résidences secondaires, qui représentent 190 000 lits, soit la moitié du parc d'hébergements des Hautes-Alpes.
Le défi consiste désormais à transformer l'essai. « Une bonne saison en appelle d'autres dans le tourisme », certifie un Yvan Chaix, toujours optimiste.