Le constat est sans appel : parmi les nouveaux entrants artisans, 31% des entrepreneurs et 43% des auto-entrepreneurs artisans exerçaient auparavant un métier différent. C'est ce qui ressort de l'étude menée par l'Institut supérieur des métiers (ISM) intitulée « Les entrepreneurs de l'artisanat » et publiée en 2013. Si bien que 34% des entrepreneurs et 39% des auto-entrepreneurs ont acquis leur expérience professionnelle en PME ou grande entreprise. « C'est une évolution sociologique que nous observons de plus en plus, confirme Patricia Conil, secrétaire générale - directrice des services de la Chambre de métiers et de l'artisanat des Bouches-du-Rhône (CMA 13). Les temps changent. »
Autre constat de taille inévitable :
« il y a une forte progression des diplômes de l'enseignement supérieur chez les nouveaux entrepreneurs et auto-entrepreneurs de l'artisanat ».
A titre d'exemple, pour les entrepreneurs, le chiffre était de 15% en 2006. Il a atteint les 26% en 2010. Enfin, dans la mesure où il s'agit d'une nouvelle vie professionnelle, les artisans concernés ont un âge plus avancé que les artisans entrés dans le secteur via l'apprentissage. Les chiffres le prouvent : l'âge moyen d'installation augmente. Les seniors (plus de 50 ans) qui représentaient, en 2006, 10% des entrepreneurs, atteignent 16% en 2010. Conclusion : on est loin de l'image du jeune en échec scolaire se dirigeant vers l'artisanat sans grande motivation !
Reconversion
Reconversion, le mot est lâché. Les exemples de cadres dynamiques souhaitant changer de vie ne manquent pas. Et le fait est qu'ils sont de plus en plus nombreux à franchir le pas. Dans une grande majorité des cas, ils optent pour l'artisanat. C'est le cas, par exemple, des créateurs de la marque de bijoux Les étoiles de Lily (Marseille) qui travaillaient auparavant dans la banque. Autre exemple avec le patron des boulangerie Goût de pain (Aix-en-Provence) qui, après avoir exercé plusieurs années à l'étranger pour des sociétés internationales, a souhaité rentrer en France et développer sa propre entreprise. C'est aussi le cas de cette ancienne cadre de banque qui a quitté son travail pour créer la marque Les toiles du large (La Ciotat).
Si le métier précédent semble ne ressembler en rien au métier actuel, les nouveaux artisans reconnaissent que leur expérience professionnelle sert toujours à quelque chose dans leur nouvelle vie. Un ancien commercial va s'appuyer sur ses techniques de vente pour faire connaître sa marque. Un ancien ingénieur va créer un produit révolutionnaire. Un ancien financier va lever des fonds facilement pour développer son nouveau business…
Bien entendu, la passion joue aussi un rôle fondamental dans la volonté de reconversion. On ne compte plus les nouveaux entrants dans l'artisanat qui, depuis leur enfance, aiment bricoler, coudre, créer, fabriquer… Des personnes qui n'avaient jamais pensé ou osé en faire leur métier et qui prennent un jour cette grande décision. Parfois après bien des années : 2% des entrepreneurs et 4% des auto-entrepreneurs sont des retraités, selon l'étude menée par l'Institut supérieur des métiers.
Les femmes rejoignent l'artisanat
Avant 1939, un artisan sur cinq était une femme. 75 ans plus tard, le ratio n'est plus le même : un chef d'entreprise sur trois est une femme dans l'artisanat. Au-delà de cette évolution, on observe que la place des femmes dans les métiers rend compte de disparités sectorielles encore marquées. L'essor des activités de services donne ainsi sans surprise une nouvelle impulsion au rôle des femmes dans ces professions. Cependant, d'autres métiers, jusqu'ici considérés comme des bastions plutôt masculins, se féminisent lentement.