TPBM : Une femme présidente d’un syndicat professionnel dans un milieu largement masculin. C’est simple ?
Isabelle Lonchampt : Les mentalités ont évolué. Et puis c’est un métier de besogneux. Si on travaille, on est reconnu dans cette profession. Et comme on dit familièrement, j’ai une grande gueule. Donc je n’ai jamais eu de problème particulier. Vous savez pour mon entreprise, je vais sur les réunions de chantier. Et quand il y a une femme, c’est quelquefois mieux organisé… D’une façon plus générale, il y a de plus en plus de conductrices d’engins et de femmes dans le second œuvre. J’appelle les femmes à s’investir dans les métiers du bâtiment qui sont des métiers de passion.
Comment a commencé votre engagement ?
Il y a 15 ans, je codirigeais avec mon père notre entreprise familiale. Nous recevions les courriers de la fédération, puisque nous en étions membre. J’ai adhéré au groupe des jeunes dirigeants du BTP, dont le président était à l’époque Johan Bencivenga*. J’y ai trouvé de l’intérêt et un esprit d’équipe. En 2016, j’ai été élue à la CCI Marseille Provence. Je siège à la commission aménagement du territoire. Je suis présidente du GEIQ** et je vais arrêter mon mandat de responsable de la délégation territoriale du Pays d’Aix à la FBTP 13. Donc je me lève à 5 h 30 du matin et je finis tard le soir. J’ai la chance de travailler avec mon mari et ma fille. Mon entreprise compte une douzaine de salariés.
C’est important de continuer à gérer votre entreprise et de mener un engagement syndical professionnel ?
On garde le contact avec les chantiers et les réalités de la profession. On connaît et on vit les difficultés.
Quels sont vos projets pour le SMTP ?
Je voudrais rappeler qu’au sein de la fédération départementale du bâtiment et des travaux publics, il représente les entreprises du gros œuvre et des TP. Il regroupe 250 entreprises de toutes tailles qui adhèrent en même temps à la fédération et au syndicat. Nous portons des dossiers métiers, donc nous abordons des questions techniques, avec une volonté d’apporter des services à nos adhérents.
C’est-à-dire ?
Une de nos missions est de jouer un rôle de veille pour nos entreprises sur les nouveaux produits et techniques. Nous les aidons à déterminer les produits et matériaux à utiliser. Une veille sur l’innovation est aussi réalisée. Nous essayons d’accompagner les entreprises sur le BIM*** et les nouveaux logiciels.
La formation fait-elle partie de vos priorités ?
Le syndicat est partenaire des CFA (Centres de formation d’apprentis, NDLR) qui forment nos salariés. Dans le cadre d’une reprise annoncée, la profession aura certainement besoin d’embaucher. Il y a aussi la nécessité de former ses salariés aux évolutions des métiers. C’est pour cette raison que la formation est une de nos priorités pour ce nouveau mandat.
Comment allez-vous faire ?
En aidant les CFA. Ce sera fait par des aides financières pour acheter du matériel, ou accompagner des formations de jeunes. Par exemple, nous avons aidé à l’achat d’un échafaudage ou de machines de chantiers. Nous souhaitons aussi lancer une bourse d’excellence pour récompenser les meilleurs élèves des sessions par alternance. On veut favoriser l’alternance. Je pense que c’est une des meilleures formations pour nos métiers.
De quelle façon allez-vous présider le syndicat ?
Je me suis entourée de gens qui ont envie de bien faire. Le bureau du syndicat est également représentatif de la profession avec des personnes issues de PME, de grands groupes, des hommes, des femmes et des chefs d’entreprise qui viennent de tout le département. Je compte m’appuyer sur la galaxie BTP pour travailler en réseau.
* Johan Bencivenga est l’actuel président de l’Union pour les entreprises des Bouches-du-Rhône (UPE 13).
** Groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification (GEIQ BTP 13).
*** Building Information Modeling.