Le constat de l'Insee est sans appel : seulement six entreprises sur dix sont encore actives cinq ans après leur création. Comme le relève l'Institut national de la statistique et des études économiques, le niveau de formation et l'expérience professionnelle du créateur sont des facteurs déterminants. On pourrait ajouter à ces raisons celle du manque d'accompagnement, en amont et en aval de la création d'activité.
C'est en partant de ce bilan qu'est né Inter-Made, un incubateur marseillais dédié spécifiquement aux entreprises du secteur de l'économie sociale et solidaire (ESS). « L'histoire débute véritablement en 2000 au sein de l'Association d'aide aux jeunes travailleurs (AAJT), raconte Cédric Hamon, directeur d'Inter-Made, au sein de laquelle plusieurs salariés constatent que beaucoup de jeunes étaient désireux de créer leur activité, mais manquaient des compétences nécessaires pour concrétiser cette envie ». Une structure associative, qui préfigure Inter-Made, est dès lors fondée, avec l'ambition de les accompagner et de se spécialiser dans l'économie sociale et solidaire.
Une formation en trois mois
Près de 20 ans plus tard, Inter-Made, qui s'est entre-temps étoffé et implanté à la Friche la Belle de Mai (3e arrondissement de Marseille), poursuit toujours son objectif de départ, avec plusieurs programmes adaptés aux différents stades de développement des projets. Starter, en premier lieu, propose trois mois de formation et d'accompagnement afin de réaliser une étude de faisabilité, construire un budget prévisionnel, définir une stratégie commerciale, trouver un statut juridique adapté… Il permet aussi de répondre à des points cruciaux pour n'importe quel entrepreneur : calculer son prix de revient, trouver des débouchés pour ses produits ou services, etc.
Comme le note Cédric Hamon, « se former au marketing, élaborer un budget prévisionnel sont indispensables pour diriger une entreprise, quand bien même sa finalité n'est pas le secteur marchand mais l'ESS ». Quelle que soit la finalité de l'entreprise ou de l'association (la restauration, l'éducation, la santé…), l'ESS doit en effet constituer le cœur du projet de départ. « L'utilité sociale, le potentiel de viabilité, l'adéquation entre l'activité future et les compétences du porteur de projet sont quelques-uns des critères de sélection exigés des candidats pour intégrer le programme Starter qui accueille une vingtaine de participants chaque année », résume Cédric Hamon.
85 % des entreprises en activité après trois ans
La Couveuse, le second programme développé par Inter-Made, propose quant à lui un accompagnement d'une durée de neuf mois (renouvelables), avec la possibilité de bénéficier d'un hébergement physique ou juridique au sein de la structure. « Nous offrons d'une part la possibilité aux porteurs de projet de se former (ou de compléter leurs connaissances) dans le domaine du marketing, de la gestion financière ou de la stratégie commerciale ; et d'autre part de travailler en réseau avec des partenaires, des prestataires, des financeurs, tout en bénéficiant d'un espace de travail professionnel », note le directeur d'Inter-Made.
Selon ce dernier, le résultat est payant pour les porteurs de projet accompagnés et se traduit par une viabilité accrue. Près de 85 % des entreprises accompagnées par Inter-Made sont encore en activité après trois ans. Le concept a enfin essaimé depuis sa création, avec plusieurs antennes en région : à Vitrolles, à Arles et à Nice, où elle est à l'origine avec French Tech Côte d'Azur et Veolia de la création de l'incubateur Az'Up.