Et si Durance Luberon Verdon agglomération (DLVA) maîtrisait son énergie et qu'elle accompagnait le territoire vers l'autonomie énergétique citoyenne à zéro émission de carbone ? C'est le pari qu'a fait Bernard Jeanmet-Péralta, maire de Manosque et président de l'agglomération, en 2017. Si quelques-uns n'y croyaient pas au début, aujourd'hui, les plus grands opérateurs énergétiques signent des conventions de partenariats industriels* pour faire partie de l'aventure, à l'image de GRDF vendredi 14 février. La filiale d'Engie viendra apporter son expertise sur la production et la distribution de gaz renouvelables. « Depuis janvier 2019, le projet HyGreen Provence dispose de l'appui et des compétentes d'un comité scientifique constitué de 16 experts issus des meilleurs laboratoires et centres de recherche français », assure le président de la DLVA.
Le projet HyGreen Provence devrait permettre de développer les conditions technico-économiques pour la production de 1 300 GWh d'électricité solaire (équivalent à la consommation résidentielle d'environ 450 000 personnes pendant un an) ainsi que la production par électrolyse de l'eau d'hydrogène à échelle industrielle, avec en ligne de mire une production annuelle de 10 440 tonnes d'hydrogène vert.
Un projet de territoire
A la clé, des investissements privés de l'ordre d'un milliard d'euros et la captation de nouvelles ressources fiscales estimées à dix millions d'euros par an sur trente ans pour la DLVA. Mais aussi la création de plus de 1 000 emplois directs et indirects et une politique de formation en lien avec l'Eco Campus de Sainte-Tulle.
« Fort de plusieurs milliers d'hectares propices à l'implantation de panneaux photovoltaïques, d'un ensoleillement exceptionnel (3000 heures/an contre une moyenne de 2000 heures/ an en France), d'une capacité de stockage unique en Europe avec les cavités salines exploitées par Géométhane, et de l'eau brute disponible en quantité grâce à la Durance, au Verdon, aux canaux Provence et de Manosque, ainsi que La Brillanne, le territoire de DLVA réunit tous les atouts pour permettre la création de ce projet hybride, novateur et unique en France » martèle l'instigateur du projet. Et de poursuivre : « L'hydrogène sera demain le carburant des voitures, des bus ou bien encore des trains, avec comme seul rejet, de la vapeur d'eau. »
Concrètement le projet HyGreen se décline en trois phases qui permettront de passer d'une étape de type démonstrateur à une production massive. La première étape prévue de fin 2021 à 2023 prévoit l'installation croissante de panneaux photovoltaïques jusqu'à 200 ha pour une puissance de 120 MWc avec simultanément la production de 278 tonnes d'énergie hydrogène par an. En phase 2, d'ici 2026, 730 ha de panneaux devraient être installés pour une puissance de 440 MWc et 3 048 tonnes d'hydrogène vert produites/an. En phase 3, en 2030, 1 500 ha de panneaux fonctionneraient pour une puissance de 900 MWc répartis à 50 % en électrique et à 50 % en hydrogène vert (H2) avec à terme 10 440 tonnes d'H2 vert produites/an.
Pour quels usages ?
Le principal usage envisagé concerne la mobilité. L'hydrogène vert apporterait des solutions en matière de ferroviaire comme la ligne Marseille-Briançon, de réseaux de bus et de mobilité des véhicules légers par exemple.
* Parmi eux, on compte déjà RTE, Enedis, Géométhane, GRT Gaz, Engie et sa filiale Storengy, Air Liquide et sa filiale Hydrogen Council.
