Par certains côtés, les Hautes-Alpes peuvent présenter un caractère insulaire. Si le département alpin n’en est pas encore au point de la Corse, l’arrivée massive de touristes sur les routes en saison impacte fortement les temps de trajet, alors que les infrastructures routières ne sont pas dimensionnées pour. Et ce n’est pas l’offre ferroviaire qui va les inciter à laisser leur voiture au garage…
A l’heure où les modes de déplacement alternatifs ne sont plus une option mais une nécessité - environnementale, mais pas que -, l’Agence de développement des Hautes-Alpes et le collectif Mobil’Hautes-Alpes ont conduit une enquête sur les déplacements et la mobilité dans le territoire.
« Ce sujet préoccupe tout le monde. Pour autant, on manquait de données sur les habitudes, les contraintes et les attentes des Haut-Alpins comme des visiteurs. Nous avons interrogé ces deux publics », indique Yvan Chaix, directeur de l’Agence de développement.
Cette étude par questionnaire Internet a été conduite auprès d’un échantillon représentatif de la population de 1 000 personnes, de novembre 2021 à janvier 2022, soit « avant la poussée inflationniste de 2022, ce qui laisse présager une sensibilité plus forte encore aux problématiques liées au pouvoir d’achat ».

Quelle idée derrière tout ça ? « Alimenter le débat, éclairer les décisions politiques », répond Yvan Chaix. Cette enquête, clairement destinée aux maires, présidents d’intercommunalité, représentants du Département, de la Région et de l’Etat, demeure un support pour faire bouger les lignes rapidement. « Nous avons commencé à échanger avec les grands élus pour présenter ces résultats, apprécier leur sensibilité sur le sujet, connaître leurs projets, les mettre en cohérence et accélérer le calendrier », poursuit le directeur.
« Les efforts sur la route restent prioritaires »
La cohérence des politiques est un élément clé. Inutile de raisonner à l’échelle d’un micro-territoire alors que les Haut-Alpins traversent bien souvent plusieurs intercommunalités pour se rendre à leur travail. Certaines intercommunalités possèdent la compétence transport qui leur laisse le loisir de mettre en place des alternatives à la voiture individuelle. Le président de l’Agence de développement, Patrick Ricou, évoque « des solutions innovantes de déplacements partagés ». Covoiturage, autopartage et ferroviaire, mode particulièrement plébiscité selon Yvan Chaix, qui pense à une navette irriguant l’axe Veynes-Embrun, voire au-delà.
« Les Haut-Alpins utilisent massivement la voiture. En réalité, ils sont prêts à changer leurs habitudes, à condition qu’il y ait des solutions de substitution. »
Faut-il, par conséquent, abandonner tout effort sur les infrastructures routières ? « Non, il reste beaucoup à faire et les efforts sur la route restent prioritaires, rétorque Yvan Chaix. On pointe du doigt les automobilistes, considérant que la voiture thermique n’est pas le mode de déplacement le plus vertueux. Mais en décarbonant le parc, la voiture redevient acceptable. »
Quid du vélo ? « Les freins à la pratique restent le manque d’infrastructures et de services associés adaptés, sans compter le climat et le relief qui peuvent rendre le vélo totalement rédhibitoire en tant que mobilité du quotidien. » Il préconise de poursuivre l’aménagement d’itinéraires doux mais de réfléchir à la multimodalité, en combinant par exemple le train et le vélo.
Voilà pour le diagnostic et l’ordonnance. Aux élus de prescrire les médicaments, et aux usagers de suivre le traitement.
Les conclusions de l’enquête
65 % des Haut-Alpins sont satisfaits de leurs conditions de déplacement
90 % utilisent régulièrement leur voiture pour leurs déplacements personnels.
75 % prennent régulièrement leur voiture pour se rendre au travail.
82 % aimeraient utiliser d’autres modes de transport.
A 94 %, les Haut-Alpins considèrent que le développement des mobilités douces a du sens.
Les principaux freins à lever sont l’inadaptationdes équipements ou des services.
L’offre est jugée mauvaise à 69 % pour le vélo, 77 % pour le train et 49 % pour le car.
93 % sont favorables à un train pendulaire.