Les gens ont plus que jamais envie de ski et de montagne, malgré un contexte économique compliqué, qui aurait pu faire craindre un tassement des réservations. « Les chiffres sont très bons, avec +5 % de nuitées pour la saison 2022/2023 par rapport à l'hiver précédent », se réjouit Yvan Chaix, directeur de l'Agence de développement des Hautes-Alpes. Sur 8,5 millions de nuitées attendues cette saison, 5 millions sont d'ores-et-déjà réservées de manière ferme.
Cette tendance est commune à l'ensemble des territoires, même si une incertitude demeure sur le domaine de la Forêt blanche, Vars et Risoul exploitant leur domaine de manière séparée cet hiver, faute d'avoir pu trouver un accord au sujet de la valorisation des flux de skieurs entre les deux stations.
Contrats de station : le Département des Hautes-Alpes allouera 30 M€ sur six ans
Deux menaces pourraient peser sur le fonctionnement des stations. A commencer par le manque de personnel. « Nous ne connaissons pas une tension aussi forte que l'an dernier. A la même époque, 800 emplois étaient à pourvoir, contre 400 aujourd'hui. Nous arriverons à surmonter cette difficulté, même si notre taux de chômage reste le plus bas de la Région Paca avec une situation de quasi plein emploi dans le nord du département », souligne Yvan Chaix.
Deuxième écueil : la facture électrique va peser lourd sur les comptes de certaines stations qui doivent renégocier leur contrat avant la fin de l'année. Patrick Ricou, président de l'Agence de développement des Hautes-Alpes et maire d'Orcières, lève une crainte : « Toutes les stations haut-alpines ouvriront, en adaptant certainement leur fonctionnement, notamment par rapport à la neige de culture ». Il attend, toutefois, la manière dont vont se traduire les intentions gouvernementales en matière de bouclier tarifaire : « A moyen terme, aucune station ne pourra se permettre une multiplication par quatre du coût énergétique ». Le prix du forfait en station devrait grimper d'environ 5 %. « Mais ce principe a ses limites. Nous ne pourrons pas le faire chaque année. »
Orcières : « Nous ne voulions pas seulement un exploitant de domaine skiable, mais de station »
12 000 lits touristiques en construction d'ici à 2028
Les investissements se trouvent-ils menacés par la hausse du prix de l'énergie ? « C'est plus l'augmentation des taux d'intérêt et l'inflation des matières premières qui pourraient constituer un obstacle. » Vars est la station qui a le plus investi ces derniers temps à travers ses deux gros porteurs, la Mayt et Speedmaster, pour un coût respectif de 10 M€ et 8,5 M€. Patrick Ricou note de vraies réflexions en cours quant au développement du tourisme quatre saisons en montagne, sur la qualité des aménagements urbains, les raccordements entre les espaces urbains et le front de neige, les circulations piétonnes et les parkings. A l'image du projet d'aménagement de la place du Téléphérique, à Saint-Chaffrey, dont les travaux doivent démarrer au printemps prochain pour 3 M€.
Saint-Chaffrey : des lits chauds, commerces et services sur la friche patinoire/piscine
Le changement climatique ne semble pas affecter le désir de montagne, bien au contraire. « Nous entrons dans un cycle spectaculaire de constructions nouvelles en station. » Yvan Chaix évoque les 12 000 lits touristiques en projet d'ici à 2028, la plupart du temps au sein de résidences de tourisme, souvent adossées à des foncières locales, au Monêtier-les-Bains, La Salle-les-Alpes, Saint-Chaffrey, Briançon, Risoul, Les Orres et Orcières. Si, à l'avenir, certaines stations pourront souffrir d'une pénurie de neige, il n'en demeure pas moins qu'elles constitueront un havre de fraîcheur avec la hausse des températures attendue.