« Suite au drame de la rue d'Aubagne, nous avons vu que nous ne pouvions pas nous contenter de mettre des logements à disposition pour le relogement des sinistrés. Une question de fond s'est posée : comment lutter contre la dégradation du parc ancien privé dans les centres-villes », détaille Pascal Gallard, directeur de l'association régionale HLM (ARHlm) Paca et Corse, présidée par Bernard Oliver. « Nous savons faire, nous pouvons accompagner la puissance publique sur ces quartiers dégradés », a-t-il ajouté. Dans ce sens, l'association a mené une enquête auprès des bailleurs pour « tirer les leçons d'expériences » passées ou en cours et ainsi retenir les pratiques qui fonctionnent. Les premières conclusions ont été présentées hier par l'association accompagnée d'une délégation de bailleurs lors d'un « Face à la rédaction » organisé par TPBM dans nos locaux.
Suite à ces retours, il existe selon eux, « plusieurs facteurs indispensables à la réussite de l'intervention des bailleurs sociaux ». Ils énumèrent : une volonté politique forte, un partenariat large et diversifié des acteurs, une vision globale des projets à mener et un financement adéquat. Ces pistes de réflexion seront par la suite remises au préfet des Bouches-du-Rhône et de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, Pierre Dartout, représentant de l'Etat sur le territoire, comme l'explique en vidéo Bernard Oliver :
Se situer au-delà du bâtiment
Les bailleurs présents ont rappelé les difficultés rencontrées et les solutions apportées. Sur le cas plus concret du financement, Sébastien Makowski, responsable politique territoriale chez Grand Delta Habitat, évoque l'exemple à Carpentras « d'une opération d'acquisition-amélioration complexe, difficile à porter financièrement » dans le cadre d'un PNRQAD (Programme national de requalification des quartiers anciens dégradés). Pour que l'opération se fasse, « nous sommes intervenus comme partenaires et avons dû avancer plus de 30 % de fonds propres mais, en échange, la ville et la communauté d'agglomération nous ont facilité d'autres opérations ».
Par ailleurs, que ce soit à Nice, Marseille, ou Toulon, le point commun des opérations réussies est qu'elles ont été accompagnées d'un « portage politique fort ». « C'est la condition de la réussite », affirme même Djilali Derouiche, directeur de la maîtrise d'ouvrage d'Erilia. Il a notamment participé aux chantiers de réhabilation du centre-ville de Toulon. « Nous avons connu beaucoup d'imprévus, si bien que le coût est forcément plus élevé. Ce type d'opérations, c'est de la dentelle. »
Autre condition : changer d'échelle et ne plus seulement s'intéresser à un seul bâtiment mais à l'immeuble dans son environnement global. Pour Feriel Bedder Abdelkdrim, directrice projet et stratégie chez ICF Sud-Est Méditerranée, « quand nous travaillons seuls sur un bâtiment, et que nous ne regardons pas ce qu'il se passe derrière, nous sommes ensuite obligés de revenir sur ces opérations pour les conforter car nous n'avions pas anticipé ce qui se passait autour. » Et Nathalie Dutheil, directrice de la stratégie patrimoniale chez Logirem, de compléter : « Le job du bailleur social doit se situer au-delà du bâtiment car cela peut avoir un effet levier et le résultat est alors plus pertinent. »