TPBM : Le budget 2021 de la Métropole est marqué par la baisse drastique de l'investissement. Il n'existait aucune alternative ?
Gérard Bramoullé : Avant de répondre sur le fond, il faut remonter à l'origine de l'institution et de son pacte de gouvernance financier et fiscal. Celui-ci répondait à plusieurs exigences : ne pas augmenter la fiscalité et ne pas creuser la dette, tout en sanctuarisant les reversements aux communes.... autant d'objectifs qui n'ont pas été respectés comme l'a montré le rapport récent de la Chambre régionale des comptes. En quatre ans, la dette s'est envolée tutoyant les 3 milliards d'euros et l'épargne s'est effondrée. Or, sans épargne, on perd notre capacité d'autofinancement.
Dans une situation normale, on devrait être en mesure d'autofinancer à hauteur de 30 % les opérations d'investissement. Aujourd'hui, on est à moins de 10 %, avec un recours massif à l'emprunt. Mais on ne peut pas continuer à vivre à crédit indéfiniment. La réalité nous rattrape. Si on ne veut pas augmenter la fiscalité, il faut réduire le recours à l'emprunt.
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Ces investissements étaient pourtant nécessaires, notamment en matière de mobilité ?
On a lancé des projets sans se préoccuper de savoir si nous avions les moyens de les financer. Les chantiers liés à la mobilité représentent à eux seuls près de 150 millions d'euros sur notre budget annuel d'investissement. Je pense en particulier au tramway marseillais qui coûte deux fois plus cher qu'un bus à haut niveau de service pour quasiment la même efficacité. On subit aujourd'hui le retour de bâton de cette folie des grandeurs. La dette en soi n'est pas un problème : c'est la capacité à rembourser les emprunts qui compte. Et dans ce domaine, nous sommes loin d'être exemplaires. La durée de remboursement « normale » d'un emprunt est en moyenne de huit ans. Sur le budget annexe des transports, nous sommes à 18 ans. Heureusement que les taux sont au plancher. Car c'est intenable sur la durée !
Les professionnels du BTP s'inquiètent de la baisse de la commande publique. La cure d'austérité qui s'annonce pour 2021 n'augure rien de bon... ?
J'entends cette inquiétude. Mais encore une fois, il faut recadrer les choses : les dépenses d'investissement inscrites au document d'orientation budgétaire sont effectivement en baisse de 25 % par rapport au budget primitif 2020. Mais en 2020, nous étions sur une année électorale traditionnellement marquée par une croissance de la dépense d'équipement. Si l'on compare au rythme des cinq dernières années, la baisse se situe plutôt autour de -10 à -15 %. Cela reste un chiffre plus soutenable pour la sphère du BTP. Et il ne s'agit pas d'une chute durable. L'ambition est juste de faire une pause de une ou deux années pour desserrer l'étau de la dette et retrouver une trajectoire budgétaire plus sereine. On va ajuster les crédits de paiement sans toucher aux autorisations de programme qui portent les projets. Ces dernières seront juste étalées dans le temps.
Certains pointent l'inégalité de traitement entre les territoires. Quel leur répondez-vous ?
Il ne faut pas se focaliser sur la seule démographie. En matière de politique structurante, la taille des territoires est une variable importante. Le pays d'Aix et ses 36 communes couvrent près de 42 % de la surface de la métropole (1 333 km2 sur 3 173 km2), contre 20 % pour le territoire Marseille-Provence (604 km2).