TPBM : Le conseil municipal vient d'adopter définitivement le nouveau PLU (Plan local d'urbanisme) de Gap. Qu'est-ce que cela va changer ?
Roger Didier : A l'époque du Plan d'occupation des sols (POS), le maire avait plus de latitude pour organiser l'avenir de sa collectivité. Cette période est révolue dans la mesure où les plans locaux d'urbanisme sont très contraints et soumis aux différentes lois qui se sont greffées les unes aux autres. Le maire n'est qu'un des acteurs de ce document qui dessine, pour les 15-20 prochaines années, le développement de notre collectivité en termes d'urbanisme. On attend de voir ce qu'en pensent les citoyens, en sachant que les recours ne sont pas suspensifs. Le plan est immédiatement applicable.
Ce sont essentiellement des contraintes de densification. Aujourd'hui, quelqu'un qui souhaite construire sur 2000 à 4000 m2 ne peut plus le faire. Il faut respecter la création de lotissements sur des parcelles qui vont de 400 à 600 m2, pouvant atteindre exceptionnellement 2000 m2. Je ne pense pas que ce soit une mauvaise chose à l'intérieur d'un périmètre qui va de la rocade à la colline de Saint-Mens. Au-delà, la densification est moindre mais encore relativement forte. En zone très dense, nous pouvons atteindre 25 habitations/hectare et 15 habitations/hectare en zone moins dense.
Au niveau intercommunal, on va créer un plan local de l'habitat. Je ne veux pas tout concentrer sur Gap, bien au contraire. Il faut regarder les besoins des 16 autres communes, permettre d'améliorer leur fonctionnement, de faciliter l'arrivée des nouvelles familles, de renforcer les services publics. Tout cela nécessite que nous réfléchissions à un aménagement harmonieux du territoire.
Justement, quelles sont vos ambitions pour l'agglomération Gap-Tallard-Durance ?
Le grand chantier en cours est d'ordre administratif. Le projet de territoire va se dérouler sur les six prochains mois pour définir les besoins et faire évoluer favorablement les 17 communes qui composent cette agglomération. Ce travail de démocratie participative ne concernera pas seulement les élus. Seront sollicités les bailleurs sociaux, l'Etat, les chambres consulaires pour déboucher sur une feuille de route qui déterminera le développement du territoire dans les 10-15 ans à venir. Nous nous interrogerons sur les compétences à ajouter aux compétences obligatoires. Il y aura un volet solidarité entre les communes à faible potentiel démographique et celles qui ont moins besoin d'être aidées. Cette solidarité doit être à double sens.
Où en sont les travaux de la rocade ?
Les travaux de la partie centrale avancent bien. On peut espérer une mise en route en 2020. Les travaux du franchissement du torrent de Bonne avancent également. Une fois le principal ouvrage d'art et le pont sur le Turrelet réalisés, les terrassements débuteront. Le carrefour du Sénateur sera considérablement modifié, prenant l'apparence d'une cacahuète, pour raccorder toutes les voies qui convergent.
Avec les forces vives comme le BTP, nous partageons une préoccupation : l'anticipation des études de la deuxième section (du grand virage de la montée du col Bayard jusqu'à la route de Briançon) avec la volonté de poursuivre un accord entre l'Etat, qui pourrait continuer à financer cette partie à 33 %, la région qui donnerait 33 % également, le département 16 % et la ville 16 %. J'ai évoqué le sujet devant les élus et le secrétaire général pour les affaires régionales lors de la réunion du contrat de plan Etat-région. Outre le fait d'anticiper le financement du deuxième barreau, je leur ai indiqué combien il est important de prendre en compte la poursuite de l'A51. J'ai toujours de l'espoir, dans la mesure où le président de la République a écrit dans son livre « Révolution » que Gap devait être désenclavée par la réalisation de la fin de l'autoroute.
Pour désengorger le centre-ville, vous avez également l'intention de créer un nouveau barreau routier, à Patac.
C'est une réalisation prévue en 2018-2019 d'un coût de 3,3 M€ pour laquelle nous espérons obtenir une aide du département de 750 000 € a minima. Ce barreau devrait permettre de mieux ventiler les véhicules sur les orientations Sud et Nord, et de décongestionner l'avenue de Provence. Ce barreau remontera la déchetterie de Patac après un franchissement sur ouvrage d'art et débouchera sur l'actuelle patte d'oie accidentogène qui ventile les véhicules route des Prés, dans le quartier Sainte-Marguerite. Cette patte d'oie sera remplacée par un giratoire. Nous allons adosser à ce barreau une piste cyclable et piétonne qui viendra faire le lien avec celle qui existe déjà route des Prés.
Nous avons bien avancé sur le dossier. Sur la partie rive droite de la Luye, nous sommes propriétaires. Je m'apprête à signer un acte de vente pour obtenir un terrain de l'autre côté.
Comment comptez-vous réguler la circulation en ville ?
La voiture doit rester un élément essentiel ; on doit lui fournir des solutions de stationnement et de déplacement. D'un autre côté, il faut donner des outils afin de se passer de la voiture.
Nous venons de modifier les deux lignes principales de bus pour qu'il y ait les mêmes fréquences et les mêmes horaires toute l'année. Il faut aussi créer des parkings-relais efficaces. Un seul l'est actuellement, celui du Sénateur, car une navette le relie au centre-ville toutes les 20 minutes. Progressivement, nous allons instaurer ce processus sur les parcs-relais du stade nautique (mi-2018 grâce à une navette électrique), des entrées Nord et Nord-Ouest. Avec sur chaque parc, la présence de covoiturage et des boîtes sécurisées pour les vélos.
Par ailleurs, aujourd'hui, il est possible de trouver à coup sûr une place disponible en centre-ville au parking de Bonne grâce à un abonnement de 33 centimes d'euro par jour. Nous en recensons déjà 660. Finalement, certains dépensent cette somme en tournant longtemps pour chercher une place.
Nous sommes avant-gardistes à ce niveau. Je suis convaincu que cette démarche sauvera les centres-villes.
Une autre nouveauté va permettre de fluidifier la circulation. Dans peu de temps, des panneaux indiqueront le temps de parcours d'un point à un autre. Quand on arrive au rond-point du Cèdre, on doit pouvoir connaître le temps qu'on va mettre en passant par le boulevard Pompidou ou le boulevard de la Libération. En plus de désengorger le boulevard Pompidou, ce système présente l'avantage d'inciter les automobilistes à emprunter l'avenue Guillaume-Farel pour rejoindre l'autoroute.