TPBM : Quel regard portez-vous avec près de 10 ans de recul sur la mutation de Miramas ?
Frédéric Vigouroux : Il y a toujours des handicaps, mais nous avançons... La ville reste dans les 200 quartiers prioritaires en France, mais, en attirant de nouveaux investisseurs qui eux-mêmes vont en amener d'autres, elle est de plus en plus regardée comme un pôle économique de développement au centre de la métropole Aix-Marseille Provence. Il fallait ramener de l'activité ici, montrer à la jeunesse, confrontée à des difficultés de mobilité, qu'elle pourrait un jour trouver sur la ville des opportunités de travailler... Le Village des Marques y contribue grâce à la coopération de McArthur Glen et des enseignes présentes. Je le perçois comme un "accélérateur de particules" de croissance économique. Nous devons désormais nous employer à entretenir ce cercle vertueux.
Comment maintenir durablement cette volonté de transformer la ville malgré les difficultés auxquelles peuvent se heurter certains projets ?
Je me suis attaché à respecter les personnes et les institutions de tous ordres, collectivités, port, CCI, SNCF, syndicats, commerçants... tout en posant de vrais principes de fonctionnement. Imaginer le futur de Miramas est une "matière" extraordinaire. Certains actes participent à créer de la confiance. Les impôts étaient élevés à notre arrivée ? Nous les avons diminués par deux fois. La gare de triage a failli disparaître en 2010 ? Nous avons su convaincre qu'elle constituait un bien précieux de la commune et qu'elle pouvait devenir un "porte-avions" de l'expansion du Grand Port Maritime. Dans les quartiers réhabilités, les habitants ont joué le jeu de la co-construction, prenant conscience que tout le monde y gagnerait... Leur cadre de vie, leur bien-être s'en est trouvé amélioré. Aujourd'hui, je crois que Miramas est respectée au sein d'un ensemble plus grand, le pourtour de l'étang de Berre, dont les enjeux autour de sa réhabilitation, de l'industrie, du tourisme, des transports collectifs, de l'attractivité d'entreprises, font qu'il apparaît comme l'un des territoires les plus prometteurs pour le développement de la métropole dans les 30 ans à venir, si l'Etat la soutient.
Faites-vous confiance à la métropole pour soutenir Miramas dans ses transformations ?
Aujourd'hui, l'équilibre territorial est respecté, le futur pôle multimodal ou la revitalisation du centre-ville sont déjà des projets prioritaires pour la métropole... Elle se forge. C'est parfois un mauvais procès de l'accuser d'alourdir les circuits de décision quand l'Etat n'a pas mis les moyens pour appuyer sa mise en place.
Une dynamique saluée par le monde de l'entreprise
"Ce qui se passe à Miramas est extraordinaire, ose Romain Gille, président honoraire du Club des Entreprises Ouest Provence. La ville s'est profondément transformée en dix ans et pas seulement grâce à l'arrivée du village de Marques. Elle n'a pas encore mené à bien tous les projets qu'elle porte puisque, désormais, s'engage la rénovation du centre-ville. C'est positif pour le territoire et pour les entreprises et plus largement pour la métropole".
A la tête de l'antenne de la fédération du BTP pour le secteur Salon / Etang de Berre, Pascal Piras se réjouit aussi du renouveau. "J'ai le sentiment que Frédéric Vigouroux a choisi d'être un maire bâtisseur, actif et ouvert aux échanges avec ses homologues des communes voisines, au-delà des divergences politiques, comme avec Nicolas Isnard à Salon. Je n'étais pas forcément convaincu de l'intérêt de construire un Village des Marques. Dans une période de crise, il aura un impact sur les chiffres d'affaires des commerces alentours alors même qu'à Salon, par exemple, les commerçants du centre-ville se remettent à peine du chantier de rénovation des cours. Mais selon moi, à moyen terme, ce Village va attirer sur notre territoire des flux de personnes qui n'y auraient jamais mis les pieds. Nous pouvons donc espérer d'autres projets et travaux qui bénéficieront aux entreprises locales, plus que le Village des Marques ou la déviation routière. La revitalisation du centre-ville sur laquelle la municipalité garde la main peut engendrer des marchés pour des TPE qui en ont bien besoin si l'allotissement est conçu pour leur permettre cet accès".