Ce sésame constitue l’énième épisode du bras de fer qui oppose depuis sept ans la municipalité de cette commune périurbaine (7.500 habitants) et le promoteur. Les tensions remontent à 2010 lorsque Socilau a racheté le terrain occupé par une ancienne concession automobile (« Automobiles Bovero » ; 2,6 ha pour 6 M€). A l’époque, le maire (UDI) Robert Dagorne avait accordé un double permis de construire : l’un pour l’installation d’un drive exploité par Leclerc, l’autre pour l’extension de la concession automobile. En octobre 2013, après le départ du garagiste, le distributeur est resté seul en piste, proposant cette fois de récupérer le permis de construire pour réaliser un supermarché de 2 450 m2. Ce projet de transfert s’est aussitôt heurté au refus du maire qui voit en ce projet une menace pour les commerces du centre ville. Plutôt qu’un supermarché, l’édile, soutenu par l’Union patronale, préférerait voir pousser une opération de logement sur le site (avec 30% d’HLM).
La mairie toujours opposée
Début 2015, la CDAC avait une première fois retoqué le dossier présenté par Socilau, laquelle avait obtenu gain de cause six mois plus tard devant la CNAC. En juillet 2016, la cour administrative d’appel, saisie par le promoteur, la commune mais aussi par les concurrents de Leclerc, Casino et Carrefour (Erteco), avait renvoyé tout le dossier à la case départ, prononçant à la fois la non caducité des permis de construire (requise par la mairie) tout en enjoignant Socilau de redéposer une demande d’autorisation commerciale. Une remise à plat que cette dernière a donc effectuée. Avec succès. Mais le parcours n’est pas terminé : la mairie a décidé de saisir à nouveau la cour administrative d’appel...
* Dans son avis du 20 janvier 2017, la CDAC estimait que « l’installation d’une si grande surface commerciale sur le territoire d’Eguilles était une erreur d’appréciation en matière d’aménagement du territoire », que celle-ci « ne contribuerait pas à la dynamisation de la zone économique et commerciale » et « entraînerait une consommation excessive de l’espace, dédiée intégralement à l’automobile, au détriment des modes de déplacement doux et du respect des dispositions de la loi ALUR ». La CDAC pointait également « le risque de déstabilisation des commerces de proximité du centre-ville ».