Édifié sur l'ancien site de l'école des Beaux-arts, le gymnase Maria Borrely offrira aux collégiens dignois une aire d'évolution sportive de 1 087 m² conforme aux réglementations pour les compétitions dès fin mars 2021. Mais avant de voir le jour, cette opération à 4,5 M€*, dont 2,730 M€ HT de travaux, sous maîtrise d'ouvrage du Conseil départemental des Alpes-de-Haute-Provence aura dû surmonter quelques obstacles.
Bâti en plein cœur de ville, le futur gymnase est en effet soumis à de nombreuses contraintes, comme le souligne l'architecte en charge du projet Elisabeth Leteissier pour le cabinet d'architecture marseillais Leteissier-Corriol :
« Nous avons été confrontés, dans un premier temps, à une vaste campagne de fouilles archéologiques préventives car nous savions que le sol était riche des traces du passé et que nos fondations seraient profondes. D'autre part, le terrain du gymnase se trouve à proximité de trois monuments historiques (périmètre des 500 m) : la cathédrale Notre Dame du Bourg, la cathédrale Saint Jérôme avec son campanile de 17 m de haut et la Fontaine Monumentale. Nous avons dû tenir compte de cette inscription du projet dans le centre historique de Digne et cela a largement guidé nos choix, notamment dans l'utilisation d'un matériau minéral, le béton architectonique teinté dans la masse. »
Bâtir par l'intérieur
Outre les contraintes ABF (architecte des bâtiments de France), maître d'ouvrage, maître d'œuvre et entreprises ont également dû résoudre la question de l'exiguïté du chantier. Construit sur une parcelle de 2 061 m2, le gymnase occupera presque 70 % de la parcelle avec ses 1 795 m2 dont 1 550 m2 de surface utile. Une nouvelle complication qui a poussé les partenaires opérationnels du chantier à envisager différentes procédures comme par exemple de bâtir l'ouvrage par l'intérieur. Un casse tête pour l'ordonnancement, le pilotage et la coordination du chantier.
« Aujourd'hui 90 % de la coquille est bâtie et tout cela en seulement quatre mois. Mais nous devions d'abord terminer une partie de la charpente, sinon nous ne pouvions plus faire entrer le matériel nécessaire. Nous avons donc choisi de faire la salle basse, les locaux techniques et les vestiaires avec une grue à tour installée dans la future grande salle et maintenant qu'ils sont terminés nous concentrons nos efforts sur la réalisation de la grande salle avec l'aide d'une grue automotrice », explique Fabrice Dominici, conducteur des travaux.
L'architecture est un sport collectif
Pour relever les défis organisationnels, les partenaires de l'opération ont également dû jouer collectif souligne Elisabeth Leteissier :
« Compte-tenu de l'exiguïté du terrain, il était délicat de couler le béton sur place, notamment pour la grande salle de sport. Dans nos études, seuls les poteaux étaient préfabriqués : l'entreprise Cosepi nous a proposé de préfabriquer la totalité de la grande salle, ce que nous avons accepté. Cette technique, où les modules sont préparés en atelier pour être ensuite montés sur place, va simplifier la mise en œuvre pour tous les intervenants et permettre de mieux tenir le délai de livraison. Nous avons donc travaillé avec l'entreprise et son bureau d'études la mise en préfabrication de tous les éléments constitutifs de la grande salle. »
Et d'ajouter comme un clin d'œil : « Certes, comme l'énonce l'architecte Rudy Ricciotti "L'architecture est un sport de combat", mais je pense qu'elle est avant tout un sport collectif. »
Esthétiquement, la salle d'évolution sera largement éclairée par des impostes vitrées sur toute la longueur de ses deux façades principales, avec des brise-soleil adaptés à l'orientation. Les vestiaires, sanitaires et bureaux seront éclairés naturellement, par des fenêtres ou conduits de lumière :
« Une grande attention a été portée au traitement acoustique, notamment pour minimiser les nuisances sonores. La bonne inertie thermique du bâtiment est garantie par ses parois béton et grâce au traitement végétalisé de la toiture basse du bâtiment servant. En complémentarité du traitement minéral extérieur, les habillages intérieurs seront en bois Douglas et OSB avec isolation en fibre de bois. »
Le gymnase Maria Borrely vise d'ailleurs la labellisation BDM niveau argent.
* Cette opération est financée par le conseil départemental pour 2,555 M€, l'État pour 1,875 M€ et la Ville de Digne-les-Bains pour 72 917 €.
Un chantier qui fait la part belle aux entreprises locales
Lors de la visite de chantier organisée le 30 septembre dernier, le président du Conseil départemental René Massette en a profité pour mettre l'accent sur le pourcentage d'entreprises locales investies dans ce chantier : « Avec 90 % d'entreprises locales intervenants sur ce chantier nous espérons vraiment soutenir l'activité des entreprises du BTP. Et si je comprends l'inquiétude des entreprises du secteur en ce moment, je ne suis pas inquiet. Sur les 46 M€ de budget d'investissement votés en décembre dernier, nous constatons que le taux de consommation des crédits est plutôt bon. Les chantiers sont en cours », a-t-il précisé.