TPBM : Quels sont les objectifs de ces Rencontres régionales Forêt-Bois ?
Olivier Gaujard : La mise en œuvre de la RE 2020, au 1er janvier prochain, va booster l’utilisation de matériaux biosourcés, dont le bois. Plusieurs études ont montré qu’on ne pourra pas accroître son utilisation au-delà de 30 %, par rapport à son usage actuel. Le risque, le cas échéant, est un épuisement de la ressource. L’objectif est donc de mettre en œuvre une gestion raisonnée, en recherchant un équilibre entre la demande et les capacités existantes, pour minimiser les impacts environnementaux.
Ce développement harmonieux implique des innovations. Nous présenterons, lors de ces Rencontres, des projets de recherche et des réalisations qui vont dans ce sens. Je pense par exemple au transport des bois coupés en forêt par la voie aérienne, pour préserver les sols, grâce à des dirigeables. Le projet est encore en cours d’expérimentation, mais il devrait être au point d’ici quatre à cinq ans.
Une autre voie d’innovation concerne les synergies existantes, mais jusqu’alors inexploitées, entre les centrales à biomasse et les scieries : la chaleur générée par la centrale permet un séchage des bois et l’électricité produite peut l’alimenter en énergie. La scierie lui fournit en retour du combustible avec les déchets produits sur place. C’est l’illustration d’une économie circulaire et vertueuse.
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La chimie du bois sera également évoquée, lors de cette journée. De quoi s’agit-il ?
Nous avons récemment signé une convention avec le pôle de compétitivité Novachim afin de développer la chimie organique liée au bois. L’enjeu est de mieux utiliser la biomasse verte, pour l’heure insuffisamment exploitée, alors qu’elle constitue un substitut très intéressant aux ressources fossiles. C’est le cas par exemple des tannins, utilisables pour la fabrication des mousses polyuréthane, avec des résultats à la fois plus performants et un coût de production moindre ; ou de la résine de colophane, issue du pin, qui peut remplacer celle produite à partir de pétrole…
Des représentants de fonds d’investissement seront présents. Avec quels objectifs ?
Le nombre de scieries s’est considérablement amenuisé dans notre région au cours de ces dernières années, hormis dans les départements alpins. Il n’en reste plus que 25 en Provence-Alpes-Côte d’Azur, avec des volumes de production très inférieurs à ceux d’Auvergne-Rhône-Alpes, alors que 50 % du territoire de Paca est constitué de forêts.
La forte demande en bois, au printemps, a aussi mis en lumière notre dépendance aux importations. La tendance devrait s’inverser : des projets de création de scieries et d’unités de deuxièmetransformation commencent à éclore sur le territoire. Ils devraient être mûrs d’ici un an ou deux.
Près de 800 M€ de financement sont par ailleurs prévus pour la filière bois, via les plans France Relance et France 2030, notamment. On assiste donc à un alignement des planètes, avec l’opportunité de créer un outil technique performant et moderne. Nous aurons pour cela besoin du soutien et du renfort de fonds d’investissement.
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