TPBM : Quel est votre projet de mandature pour les trois ans qui viennent ?
Daniel Léonard : Avant toute chose, je voudrais rappeler que je m’inscris la continuité de l’action de Christian Pons, mon prédécesseur, avec qui nous avons mis en place de nombreux chantiers dans notre fédération qui compte 300 adhérents. Christian a assuré un mandat difficile avec la période des pandémies très impactante pour notre profession. Aujourd’hui, nous allons poursuivre l’ensemble des dossiers que nous avons lancés. Le premier concerne la formation. Nous souffrons d’un déficit de vocations. Les personnes qui embrassent nos métiers du BTP sont essentiellement des passionnés qui ont débuté tôt leur vie professionnelle. Or, et ce n’est pas nouveau, l’Education nationale et les familles orientent traditionnellement leurs enfants vers des filières générales. Plus rares sont les personnes arrivées après 20 ans qui restent dans le BTP. Je vais prendre mon bâton de pèlerin pour rencontrer les différents acteurs locaux de l’Education nationale, proviseurs, professeurs et conseillers d’orientation. La FBTP 84 veut les sensibiliser au fait que de nombreux profils parmi leurs élèves se réaliseront professionnellement et personnellement dans nos métiers, dès le plus jeune âge. Nous disposons de filières de formation et d’enseignement bien adaptées pour l’intégration vers nos emplois et surtout dans nos équipes où les valeurs humaines priment. Nos métiers sont chaque jour plus passionnants avec l’intégration de nouvelles technologiques tant dans la conduite de chantiers que dans l’équipement des bâtiments à l’heure des transformations climatiques et numériques. Nous sommes particulièrement ouverts à l’accueil des stagiaires de troisième. Pour beaucoup d’élèves, c’est à cet âge que se dessine leur avenir professionnel.
Vaucluse : Daniel Léonard, nouveau président de la fédération du BTP
Les filières de formation sont-elles adaptées ?
Nos centres de formations assurent de bonnes prestations mais peinent à attirer les jeunes. Chaque année, les promotions se réduisent. C’est ici une question d’image. Je pense que le mot CFA est rédhibitoire pour beaucoup de familles et d’élèves. Regardez pour les travaux publics. Le centre Emile Pico à Mallemort (13) s’appelle aujourd’hui l’ECIR, Ecole de construction des infrastructures et réseaux, ce qui est beaucoup plus valorisant et attractif. Pour le second œuvre, nous poursuivons une réflexion sur la modernisation du CFA Florentin Mouret installé à Avignon. Quant au gros œuvre, le lycée professionnel du Domaine d’Eguille à Vedène (84) assure très bien sa mission.
Quelle sera votre action dans le cadre de la transition écologique ?
Sur ce plan, je compte mettre en place des solutions pratiques rapidement applicables. Nous voulons développer un relationnel fort avec l’Education nationale. Nous allons faire de même avec l’ensemble de la filière qui nous fournit des équipements. Je compte organiser des rencontres entre professionnels du BTP et leurs fournisseurs pour assurer au plus vite le déploiement de technologies alternatives au fioul, qu’elles soient électriques, au gaz ou associant les deux. Déjà, ces technologies nouvelles s’immiscent dans nos moyens de transport comme nos centrales à béton.
La FBTP 84 va également s’investir dans le retraitement des déchets avec, pour ambition, l’augmentation de leur taux de recyclage. Notre premier chantier porte sur les matériaux terreux non végétaux, notamment les déchets de terrassement qui ne peuvent être réutilisés en l’état car dangereux pour l’environnement, surtout en milieu humide. Des solutions existent comme le traitement à la chaux qui permettrait un réemploi comme matériaux inertes sur les chantiers de VRD.
Enfin, nous sommes partisans du « Zéro artificialisation ». Par contre, nous souhaiterions une clarification des critères qui définissent les terrains concernés. Rappelons que le mètre carré en Paca est le plus cher de France, devant l’Ile-de-France.
Dans le Vaucluse, les coulisses du BTP font le plein
Qu'en est-il de l’activité économique ?
Nous constatons une reprise d’activité post-covid qui pourrait ralentir dans les 6 mois qui viennent. Les administrations qui donnent des autorisations de construire doivent instruire des dossiers toujours plus complexes. Alors que le nombre de permis de construire autorisés a crû de 6 % en France, nous déplorons que 1 % d’augmentation dans le Vaucluse. Pis, quand un document est refusé, nous l’apprenons désormais par voie administrative sans explication. A chaque fois, nous devons remettre un dossier corrigé ce qui génère une importante perte de temps. Elle est loin l’époque où nous construisions pas à pas un projet en relation avec les services concernés. Nous pouvions alors corriger notre copie immédiatement à chaque étape. Pour pallier cette situation, nous devons encore développer notre relationnel avec les services de l’Etat, des EPCI (établissements publics de coopération intercommunale) et des communes pour développer ensemble des échanges constructifs, particulièrement judicieux pour gagner du temps. Aujourd’hui, il nous faut 4 ans pour sortir un chantier. Mêmes les communes souffrent de ces délais pour voir aboutir leurs projets.
Le projet de déménagement de votre siège est-il toujours d’actualité ?
La cession de l’hôtel particulier de la rue de la Petite Fusterie que nous occupions depuis 1941, à Avignon, est en cours de finalisation. Nous allons construire un nouveau siège sur Agroparc près de RTE et de l’Urssaf. Ce bâtiment de 800 m2 sur deux niveaux aura pour mission de servir de vitrine de nos savoir-faire, accueillera des bureaux, des salles de réunion et de formation. En attendant, nous allons louer des locaux temporaires.