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INTERVIEW

Cyrille Fischmeister : « Imaginer chaque projet comme un prototype »

Particulièrement remarqué pour ses réalisations, l’architecte manosquin Cyrille Fischmeister mène sa carrière tambour battant. En solo depuis fin 2017, il prône une architecture libérée et agile.
Cyrille Fischmeister dans son bureau de l’Agora à Manosque.
H. Saveuse - Cyrille Fischmeister dans son bureau de l’Agora à Manosque.

ArchitectureAlpes-de-Haute-Provence Publié le ,

Véritable électron libre, Cyrille Fischmeister n’hésite pas à bousculer dans les créations qu’il propose. Pour preuve, sa réhabilitation-extension des services techniques de la commune de Villeneuve qui n’a pas fait l’unanimité auprès des élus locaux dans les premiers temps. Mais qu’importe, l’architecte s’en tient à ses valeurs : « le bien, le bon et le beau ». Une ligne de conduite qui lui a permis de conserver la confiance des collectivités et des privés qui voient désormais dans ses créations, des bâtiments atypiques et remarquables.

« Pour moi l’architecte participe au vivre ensemble. Il est un technicien. Il participe à définir la place de l’homme tout simplement. J’organise mon travail autour d’un triptyque de valeurs. Le bien signifie le fait d’être à l’écoute du maître d’ouvrage, le bien-être, de toujours partir d’une page blanche, d’imaginer chaque projet comme un prototype. Le bon c’est pour moi d’avoir un bâtiment bien conçu, qui permet d’avoir une performance à tous les niveaux. Et enfin, le beau, c’est la capacité à créer un ouvrage qui reste harmonieux et équilibré. Toutes ces valeurs interagissent, elles sont indissociables ».

Si l’architecte refuse la notion de « signature », qu’il considère comme trop confortable, ses créations sont cependant très reconnaissables. L’alliance entre le métal et la pierre domine littéralement ses créations. Mais comme pour brouiller les pistes, il vient de se lancer récemment dans la construction ossature bois. Ce touche à tout, formé à l’École nationale supérieure d'architecture de Strasbourg (ENSAS) en 1999 aime se réinventer. Sa première agence, il l’a créée en junior-entreprise puis il a choisi, un temps, de s’associer à un cabinet d’architectes près de Bâle. En 2005, sa vie personnelle fait de lui un « immigré climatique » (sic) : il quitte le Nord-Est, pose ses valises dans les Alpes-de-Haute-Provence et rejoint une agence locale. Mais après 12 ans de collaboration, Cyrille Fischmeister prend sa liberté et s’installe dans ses locaux actuels, à Manosque, dans le parc d’activités de l’Agora. L’occasion pour lui, d’imposer sa griffe, sa vision de l’architecture. Il ajoute : « Notre vision de l’architecture se forme au fur et à mesure de nos expériences. Elle vient de nous. Elle évolue comme nous évoluons », explique-t-il :

« Ma façon de concevoir n’est plus la même qu’à mes débuts. D’ailleurs je pense que nos clients, qu’ils soient privés ou publics, ne voient plus le rôle de l’architecte de la même façon également. Notre profession doit changer, s’adapter ».

Il détaille : « Pour ce qui concerne la commande privée, elle a elle aussi bien changée. Avant les gens savaient ce qu’ils voulaient. Ils allaient voir l’architecte puis le banquier. Aujourd’hui, ils vont voir le banquier, puis un promoteur et seulement après nous les retrouvons, souvent déçus, car ils recherchent un produit différent. Le métier d’architecte évolue aussi dans son besoin de visibilité. Nous devons démarcher, communiquer, faire du marketing. Nous en sommes à un moment où l’architecte doit démontrer qu’il a un rôle à jouer. A mon sens, l’architecte doit aussi avoir un rôle de conseil. Dans le monde du BTP par exemple, il est capable de défendre tous les métiers et les compétences du BTP. Il ne serait pas inintéressant de réfléchir à la valorisation de notre métier. C’est notamment ce que je prônais lorsque j’étais président du Syndicat des architectes. Nous devons aller au devant des collectivités, conseiller, être sur le terrain, au plus près des besoins, tous ensemble »

Dépasser la notion de concurrence

Libéral dans l’âme, Cyrille Fischmeister ne s’inquiète pas de la concurrence des grands cabinets. Il prêche notamment pour la constitution de Groupements d’intérêts économiques, des GIE à mandature tournante qui permettraient de travailler ensemble sans fusionner ou s’associer : « Il ne s’agirait pas d’associations au sens juridique du terme, ni de groupements pour des interventions en one shot mais plutôt d’un rassemblement solidaire, en dehors de toute notion de concurrence ». Il poursuit : « La Covid nous a bien montré qu’une agence de petite taille pouvait tirer son épingle du jeu. La plupart des grosses agences ont été très impactées. Les petites agences comme la mienne sont plus agiles ».

Une agilité qui rime aussi avec suractivité. Actuellement, Cyrille Fischmeister gère seul 30 dossiers ouverts simultanément et assure près de 70 heures de travail hebdomadaire. Un problème qui n’en est pas un pour l’architecte manosquin, hyper actif. Il suit actuellement le chantier de construction du programme immobilier intitulé « Les vignes du Muscat ». Une opération, sous maîtrise d’ouvrage du bailleur bas alpin Habitations de Haute Provence, qui prévoit l’édification de 18 logements à Volx, avec 11 logements individuels et 7 collectifs regroupés dans 4 petits immeubles en R+1.

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