Implanter une centrale solaire sur un site classé Seveso* en activité... le défi était osé. Et pourtant l'entreprise Corsica Sole a réussi et vient d'en installer une sur dix des cinquante-et-un hectares de l'usine Arkema de Saint-Auban, spécialisée dans la production de solvant pour la fabrication de polymères fluorés.
D'une puissance de 10 MWc (watt-crète), capable de produire 19 GWh (gigawatt-heure) par an soit l'équivalent de la consommation de 3 500 foyers pendant un an, la centrale, mise en service en novembre 2018, vient d'être inaugurée. Signe qu'Arkema Saint-Auban amorce sa transition énergétique.
Une seconde vie pour l'usine Arkema
Si, il y a 12 ans, le climat était agité avec l'ouverture d'un second plan social, le pôle industriel a donc trouvé un second souffle et se donne pour objectif de devenir un vecteur de solution propre. « Sur ce projet nous assurerons la maintenance pour Corsica Sole. Nous souhaitons nous appuyer sur cette expérience pour mettre en place des solutions d'énergies renouvelables sur d'autres sites du groupe », assure Chantal Degrendele, directrice environnement Arkema Europe.
L'installation permet de pérenniser l'activité économique d'Arkema qui bénéficie d'un loyer versé par Corsica Sole. L'investissement, qui s'élève à 13 M€, repose sur un contrat d'achat d'électricité à prix garanti de 20 ans. L'énergie produite sur les 22 000 panneaux photovoltaïques, répartis en quatre unités distinctes, sera utilisée en autoconsommation à 50% par l'usine Arkema, principalement lors des pics de production.
Sur le plan industriel cette centrale est le fruit d'un partenariat entre Corsica Sole et Sun Power. Bouygues Energies & Services a construit les installations et Huawei fourni les onduleurs.
La filière solaire au défi du foncier disponible
Les friches industrielles seraient-elles un nouveau gisement de foncier pour le solaire ? Le 28 mai dernier, l'Ademe (Agence de l'environnement et de la maîtrise de l'énergie) a publié une étude mettant en évidence le potentiel des zones industrielles délaissées pour accueillir ce type d'installations. Au total, l'agence aurait identifié 53 GW de gisement dans les zones délaissées, essentiellement d'anciens sites industriels.
* Les sites classés Seveso sont des installations industrielles dangereuses répertoriées selon le degré des risques qu'elles peuvent entraîner.