Lorsqu'ils s'achèveront à la prochaine saison estivale en ce qui concerne leur première phase, les travaux de réhabilitation de la promenade piétonne de la Corniche Kennedy qui longe le littoral de la rade de Marseille, auront déjà parcouru 300 mètres sur les 1,7 km de ce qui est aussi généralement considéré comme le plus grand banc du monde.
Lequel, en mai 2022, à l'issue de l'opération saucissonnée en quatre, aura retrouvé toute sa superbe et conservé son aspect initial. Seul le profil du parapet, désormais en BFUHP (béton fibré à ultra hautes performances), a été en effet légèrement modifié.
Réparer l'outrage des ans et de la mer
« A proximité du Marégraphe qui indique le niveau zéro de la mer, un bâtiment classé monument historique, on ne pouvait pas faire n'importe quoi et le projet a été soumis à la validation de l'Architecte des bâtiments de France, explique Tancrède de Folleville, directeur de projets de Setec TPI, à l'entrée du chantier qu'il s'apprête à faire visiter à des confrères ingénieurs et professionnels des ouvrages d'art et des travaux publics, dans le cadre d'une journée technique organisée par l'Association française de génie civil (AFGC), délégation Méditerranée. Avec ses deux autres filiales Setec Organisation et Diades, cette dernière s'est vu en effet confier la maîtrise d'œuvre travaux, avec l'architecte marseillais André Mascarelli pour la partie architecturale, de la réalisation par le maître d'ouvrage, la métropole Aix-Marseille Provence.
Soumis à un environnement marin agressif et en particulier à la corrosion, l'ouvrage en béton armé construit entre 1957 et 1965 en encorbellement au-dessus de la mer, de la plage des Catalans jusqu'à celles du Prado, avait fini par être particulièrement dégradé par endroits et sa structure atteinte, nécessitant une profonde rénovation pour la sécurité de ses usagers. Et comme tout chantier de ce type, celui-ci a réservé son lot de surprises. « L'existant s'est avéré plus abîmé que prévu et quand on commence à creuser pour dégager les consoles on ne sait pas dans quel état on va les trouver et jusqu'à quel point elles vont devoir être reprises », détaille l'ingénieur.
Moisage et protection cathodique
En raison de la situation, au-dessus de la mer, leur réparation par moisage et ragréage a nécessité l'utilisation d'un outil ad hoc en « C » monté sur rails. Les nouvelles consoles et leurs réparations ont été ainsi coulées en place tandis que les dalles du trottoir bas de la promenade ont été préfabriquées, elles aussi dans un béton spécial ultra-résistant, à la centrale de Cemex située sur le Grand port maritime de Marseille, tout ce qui était trop dégradé étant remplacé par du neuf.
Pour prévenir la corrosion des aciers contenus dans le béton, c'est une protection cathodique qui a été retenue et qui s'effectue par courant imposé sur les ouvrages. Ce dispositif de protection que l'on retrouve dans des ouvrages spéciaux comme les pipelines n'avait plus été mise en œuvre à Marseille depuis la rénovation du tunnel du Vieux-Port. Enfin, en raison de la configuration des lieux, chaque phase de travaux a lieu d'octobre à avril pour ne pas gêner la circulation sur la Corniche, emblème de la rade marseillaise, en période estivale. Budget de cette cure de jouvence : 23,3 millions d'euros (22 M€ de travaux + 1,3 M€ d'études).