Vu de l'extérieur tout semble terminé. Seul un périmètre de sécurité et quelques rubalises indiquent que le chantier se poursuit. Aujourd'hui, trois des quatre étages sont terminés. Reste à finaliser le rez-de-chaussée et le toits-terrasses instrumentée. Dans quelques semaines, les 150 scientifiques, qui sont aujourd'hui répartis dans plusieurs bâtiments du Commissariat à l'énergie atomique et aux énergies alternatives (CEA) de Cadarache, seront enfin réunis dans un seul et même bâtiment. « C'est un vrai aboutissement pour notre unité de recherche fondamentale de pouvoir bientôt travailler en synergie dans un même bâtiment. Chaque étage travaillera sur un modèle biologique, une spécialité scientifique. La dispersion des moyens humains et techniques était un frein à l'ambition d'excellence scientifique de l'institut », note Cyrille Forestier, adjoint du directeur de l'Institut de biosciences et biotechnologies d'Aix-Marseille (BIAM). Il poursuit :
« L'idée est vraiment de créer une unité de recherche mixte en s'implantant à proximité immédiate de CEA Tech PACA, en charge de la pré-industrialisation. Avec cette nouvelle construction nous souhaitons favoriser une fertilisation croisée entre formation, recherche, technologie et industrie, pour aider les projets à monter en maturité technologique au bénéfice des PME et ETI du territoire ».
Un bâtiment à la recherche de la vertu
Composée de deux ailes, l'une dédiée à la recherche fondamentale et l'autre vouée à la recherche et développement, le bâtiment est construit aux normes RT 2012 -30 %, hors zone de laboratoire, sous la maîtrise d'œuvre interne de Cadarache. Le nouvel écrin de 7 500m2 veut être à la fois vertueux et technologique. Bardage en équitone, murs en ossature bois, échangeurs pour récupération de calories, projet d'autoconsommation électrique via 250 m2 de panneaux photovoltaïques installés au sol. Esthétique soignée et technologie de pointe sont les atouts de ce nouveau centre de recherche. « La moitié des surfaces sont dédiés à la recherche fondamentale, 2 240 m2 sont occupés par les laboratoires du bâtiment de recherche, tous situés autour du patio central pour un accès privilégié à la lumière naturelle », souligne Cyrille Forestier.
Mais si le confort des chercheurs est important, les équipements technologiques sont essentiels: « Les équipes de recherche utilisent de nombreux grands instruments, regroupés au sein du bâtiment de recherche et développement dans 1 415 m2 de plateaux techniques ou des plateformes technologiques », explique Cyrille Forestier. Il poursuit : « Les paillasses en émalit sont équipées d'étagères réglables. Des prises de courant et des prises réseau sont installées sur les paillasses. L'eau chaude-eau froide et l'eau désionisée arrivent sur tous les éviers. Des sorbonnes dernier cri sont équipées de détecteur de présence pour limiter les pertes thermiques. Une climatisation couplée à une VMC [ventilation mécanique contrôlée, ndlr] renouvelle l'air à raison de 7 fois le volume du local par heure. Une lumière naturelle parvient du patio à tous les postes de travail, complétée par des dalles de luminaires à LED sur détecteur de présence. Tout a été mis en œuvre pour offrir un confort de travail aux chercheurs et la possibilité de faire avancer la recherche en minimisant l'impact écologique ».
A seulement quelques encablures des laboratoires, une salle d'essaimage a été construite pour encourager certains chercheurs à se lancer dans l'aventure de la création d'entreprises de biotechnologies. Une méthode déjà utilisée sur le site du CEA de Cadarache qui a permis aux entreprises Adequabio et BioIntrant de voir le jour. Un peu plus loin, une zone « tampon » appelée « Preuve de concept » permettra de développer des recherches conjointes entre les scientifiques et industriels tout en conservant si nécessaire, deux entrées séparées.
Créer un terreau fertile pour les entreprises
Cette nouvelle construction abritera également au rez-de-chaussée un vaste espace d'accueil de 406m2 ouvert au public constitué notamment d'une grande salle de conférence de 156 m2, qui accueillera du 8 au 10 mars 2021 le 1er Congrès international sur les bioénergies et l'environnement. Une zone importante pour Cyrille Forestier car celle-ci fera le lien entre le monde de extérieur et celui de la recherche, à l'image de ce qui est prévu autour du nouveau bâtiment. « Notre nouvelle position, dans la zone semi-ouverte, hors-clôture CEA, facilitera les échanges avec les futurs partenaires industriels qui s'installeront à proximité ».
Sur les parcelles attenantes, un parking mutualisé devrait être construit et une zone d'accueil pour les entreprises partenaires R&D du CEA dans les domaines liés aux énergies devrait être créée pour accueillir des projets pilotes. Ce foncier d'une superficie de 15 hectares, appartenant au CEA, constituera la zone partenariale En'Durance Énergie pourrait également accueillir des entreprises.
« [Elles] pourront y installer leurs laboratoires, leurs bureaux, leurs locaux industriels, porter des projets pilotes et des démonstrateurs, des zones d'expérimentations ou encore des showroom dans le périmètre immédiat du BIAM », explique Cyrille Forestier.
Ce chantier, inscrit au Contrat de plan État-Région 2015-2020 et financé par l'État, la Région Provence-Alpes-Côte d'Azur, la métropole Aix-Marseille Provence, le Département des Bouches-du-Rhône et le Fonds européen de développement sera livré en septembre 2020*. Mis à l'arrêt 10 semaines pour cause de Coronavirus, le chantier de construction du BIAM a repris le 28 mai dernier en optant pour un minimum de co-activité. Si le bâtiment devait être terminé fin avril 2020, il ne sera finalement livré qu'au mois de septembre. Un retard de livraison induit par les nouvelles contraintes sanitaires : « Juste avant le début du confinement en mars 2020, plus de 120 personnes étaient présentes sur le chantier. Aujourd'hui, elles ne sont plus qu'une soixantaine », explique Cyrille Forestier. Estimé initialement à 18,3M€, le coût des travaux atteindra finalement les 20M€.