Il aura fallu attendre la nuit du 21 mars pour que le gouvernement fasse machine arrière et écoute les arguments de la Fédération française du bâtiment, de la Fédération nationale des travaux publics et de la Capeb. Dans un communiqué publié ce jour là, le ministère apporte quelques réponses à leurs revendications, notamment sur la question du chômage partiel, refusé au BTP la semaine dernière. Les entreprises de la construction sont désormais éligibles à cette mesure d'urgence du gouvernement se réjouit Philippe Piantoni, le président de la Fédération régionale du bâtiment.
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Cependant, malgré cet accord trouvé pour accompagner la reprise des chantiers, ralentis ou arrêtés par la crise sanitaire, il ne faut pas s'attendre à une reprise rapide. « Pas avant la semaine prochaine et encore… », annoncent les représentants des fédérations régionales Paca du bâtiment et des travaux publics.
Mesures de prévention
En effet, d'autres points restent à éclaircir, comme la question des centrales d'approvisionnement : les préfets agissent afin que les maîtres d'ouvrages rouvrent les chantiers et que les fournisseurs reprennent le travail. « Mais il va falloir du temps, notamment du côté des fournisseurs de matériaux qui vont devoir mettre en place des procédures », explique Philippe Piantoni.
Mais le plus important, est la mise en place des fameux gestes barrière. Dans son communiqué, le ministère indique que « la protection des salariés est une priorité absolue [...] Dans de nombreux cas, des réorganisations ou des ajustements des pratiques pourraient permettre la poursuite de l'activité ». Et de rappeler que « la responsabilité de l'employeur n'est engagée que s'il ne prend pas les mesures de prévention utiles pour la protection des salariés et qu'il s'agit d'une obligation de moyens ».
La Fédération régionale des travaux publics (FRTP) de Paca, présidée par Frédéric Tomasella, reste sceptique. « Il y a des choses qui seront possible de faire et d'autres non : n'oublions pas que les masques manquent. Dans ces conditions, deux ouvriers qui, par exemple, doivent poser ensemble une bordure, en se tenant à 40 centimètres, ils font comment ? », avance Michel Garcia, le secrétaire général de la FRTP Paca. « Sur les chantiers où un ou deux ouvriers interviennent, l'activité va pouvoir redémarrer. Mais quand il y en a 50 ? Des questions se posent sur les déplacements en camion, l'utilisation des outils, etc. », s'interroge de son côté Philippe Piantoni.
Un guide des bonnes pratiques
Dans ces conditions, les deux fédérations attendent d'ici quelques jours les mesures et procédures préconisées dans un « Guide de bonnes pratiques ». Préalablement validé par les ministères du Travail et des Solidarités et de la Santé, il sera conçu en lien avec les professionnels intervenant sur les chantiers et avec l'appui des experts de l'Organisme professionnel de prévention du bâtiment et des travaux publics (OPPBTP).
En attendant dans le bâtiment comme dans les TP le mal est fait : « Les gars se posent des questions », constatent Philippe Piantoni et Michel Garcia. Tous les jours, les six Fédération départementales du BTP en Paca traitent des dizaines d'appels d'adhérents inquiets : « Leurs ouvriers ne veulent pas y aller tant qu'il n'y a pas des équipements et des règles claires ». Les droits de retraits, arrêts maladies se sont multipliés ces derniers jours. « Les entreprises adhérentes des fédérations départementales nous demandent comment réagir. Pour ces patrons, c'est un véritable casse-tête, entre arrêt de l'activité et responsabilité morale par rapport à leurs salariés. »
Les urgences seront assurées
« Les entreprises de travaux publics feront face en cas de chantier urgent », confirme la Fédération des travaux publics de Paca. Autrement dit, elles continueront à assurer les astreintes et interventions d'urgence sur les réseaux d'eau, d'électricité, de gaz, etc… « Nous sommes d'accord pour y intervenir, parce qu'il y a une urgence à le faire pour garantir la continuité d'approvisionnement et d'alimentation en eau et énergie. »
Trois types de chantiers
Le ministère traite à part deux types de chantiers : ceux de travaux publics, comme les infrastructures de transport ou les travaux de voirie, et ceux très complexes. Dans le premier cas, « les grands maîtres d'ouvrage au niveau national et les préfets au niveau local coordonneront et prioriseront les chantiers à poursuivre ou à relancer ». Dans le deuxième cas, « un délai pourra être nécessaire afin de définir des procédures adaptées ». Enfin, les artisans ne sont pas oubliés : « Une attention particulière sera portée au cas des chantiers au domicile des particuliers lorsque ceux-ci sont présents. »