Réalisé sur une étroite bande de terrain entre la gare SNCF, la voie ferrée et la voie rapide et l'avenue Thiers, le projet « Iconic » de la Compagnie de Phalsbourg et de l'architecte new-yorkais Daniel Libeskind, lancé début 2018, a sa structure béton et commence à déployer son ossature métallique... Celle-ci va permettre d'habiller les différentes facettes de ce bâtiment-sculpture, de panneaux d'acier et de verre, dont les formes évoqueront les cristaux de l'azurite. « La pose de la charpente métallique devrait durer jusqu'à l'été. Commencera ensuite l'habillage des façades et le bâtiment sera achevé au premier trimestre 2021 », détaillent les architectes niçois Nicolas Février et Jennifer Carré, en charge de la maîtrise d'oeuvre d'exécution. Oteis et Lamoureux Acoustics comptent également parmi les bureaux d'études mobilisés.
Ce projet de 60 millions d'euros HT dont 40 millions de travaux est destiné à renforcer l'attractivité du secteur Thiers-Jean Médecin, au cœur du centre-ville de Nice et il sera largement multifonctionnel. Iconic va effet accueillir un hôtel Hilton de 120 chambres, une salle de spectacles souterraine de 600 places, un espace de coworking, des restaurants et des commerces...
Un prototype pour les façades
A projet hors norme, chantier hors norme : après la phase très complexe et contrainte de la réalisation du soubassement et de l'infrastructure de cet ouvrage de 19 500 m² de plancher vient d'être installé, sur site, un prototype grandeur nature des façades, revêtues de leur habillage. Celui-ci sera constitué à peu près à parité de verre et d'acier. « Ce prototype permet de tester et valider les matériaux qui seront mis en œuvre : les panneaux en acier bleus dont la couleur changera en fonction de la luminosité, le verre sérigraphié, les huisseries et l'assemblage de ces différents éléments », précise Jennifer Carré.
Pour protéger l'ouvrage des mouvements vibratoires - liés à la proximité de la voie ferrée et de la voie rapide -, des solutions techniques inhabituelles ont été mises en œuvre. Après la phase de fondations profondes (plusieurs centaines de pieux enfouis à une trentaine de mètres) et de réalisation des parois moulées, deux radiers de grande épaisseur ont été réalisés entre lesquels ont été intercalés, en partie ouest du programme qui accueille l'hôtel et la salle de spectacles, des ressorts de 1 m à 1,20 m de hauteur. Un deuxième dispositif de plots antivibratiles a été mis en place pour la salle de spectacles afin d'augmenter son isolation. Celle-ci a donc a été conçue comme « une boîte dans la boîte ».
BIM et corps d'état séparés
En partie est, moins exposée, le traitement des vibrations a été réalisés par des tapis élastomères de différentes fréquences. L'isolation phonique du bâtiment sera un autre défi majeur pour la réalisation des superstructures. Elle va nécessiter la mise en œuvre sur les façades d'une double peau et de complexes isolants variant entre 50 cm et plus d'un mètre d'épaisseur. Il y aura également côté voie ferrée des doubles parois vitrées.
Autre particularité de ce chantier : il fait appel au BIM (Building information modeling) et malgré sa complexité, le maître d'ouvrage a décidé de le réaliser en corps d'état séparés. Un choix qui fait que pour l'heure Iconic (des lots secondaires restent à attribuer) a fait appel à des entreprises de tout horizon. Parmi celles-ci, Franki pour les fondations profondes (groupe Fayat), Enatra (Alpes-Maritimes) pour le soutènement et les terrassements, EGBI (Isère) pour le gros œuvre, Blocotelha (Portugal) pour la charpente métallique, etc. L'habillage des façades devrait également être confié à des entreprises étrangères.