Comment aider les entreprises à ne pas perdre le Nord dans cette période d’incertitude ? C’est précisément l’objectif du rendez-vous de l’économie qu’organise depuis 12 ans la Chambre du commerce et de l’industrie des Alpes-de-Haute-Provence en partenariat avec la banque de France, la DDFIP (Direction départementale des finances publiques), l’Agence de développement 04 (AD) et l’Union des Entreprises des Alpes-de-Haute-Provence, en demandant aux experts locaux en économie à servir de boussole. « Les entreprises évoluent aujourd’hui dans un monde VUCA », résume Daniel Margot, le président de la CCIT 04, en utilisant un acronyme anglo-saxon signifiant littéralement "volatilité, incertitude, complexité et ambiguïté", pour qualifier l'environnement économique actuel...
Envolée des coûts de l’énergie, inflation, difficulté de recrutement, augmentation des taux d’emprunt et remboursement des Prêts Garanti par l’Etat,… les chefs d’entreprises bas-alpins, comme les autres, ont besoin de repères. Et cette année, la boussole de la CCIT 04 prévoit des turbulences mais un retour à la croissance en 2024. « Les entreprises résisteront en 2022 avec une croissance estimée à 2,6 %, puis elles connaitront un ralentissement en 2023 avec une récession limitée de -0,5 à -0,8 % et ensuite viendra le temps du rebond en 2024 avec une reprise de la croissance estimée à 1,8 % », confie Jean-Christophe Ehrhardt, directeur régional de la Banque de France. Une tendance à nuancer cependant en fonction des secteurs d’activité et de la taille des entreprises.
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Dégradation des trésoreries
Localement, dans le département des Alpes-de-Haute-Provence, les hôteliers sont plutôt satisfaits du premier semestre, avec de bons résultats tirés par une forte fréquentation touristique estivale confirmés par l’AD 04. « Le climat des affaires se positionne dans notre département à un niveau pré-covid. Le volume d’affaires progresse globalement mais la situation est hétérogène », signale Laurent Pomes, chargé de mission à l’observatoire Thaïs pour la CCIT 04. Les professionnels du BTP et les commerçants de gros émettent notamment plus de réserves et craignent déjà l’érosion des marges et la dégradation de leur trésorerie.
De son côté, la Chambre de métiers et de l’artisanat, présente pour la première fois aux rendez-vous de l’économie, explique que les TPE sont davantage impactées que les PME/ETI et les grandes entreprises, constatant même un début de ralentissement chez les très petites entreprises artisanales. En réponse à l’incertitude actuelle et au ralentissement annoncé, les experts locaux se sont accordés sur le besoin d’une politique de l’offre qui serait, seule, en mesure de "muscler" la capacité productive des entreprises dans la durée, puisque cette méthode « contribuerait à réduire l’inflation et renforcerait la croissance potentielle d’environ un demi-point ». Une solution qui passerait selon eux par une grande transformation écologique, énergétique et numérique et une augmentation de l’offre de travail et des compétences.