L'heure n'est pas encore à l'installation des grues... mais la création à Cannes d'un musée international du cinéma et du Festival de Cannes, labellisé au plan national et européen, progresse étape par étape. Grand projet du maire David Lisnard, ce dernierainscrit au cœur de sa stratégie "Cannes on Air", le développement de l'économie créative et de la filière audiovisuelle à Cannes et plus largement d'une "Silicon Valley de l'audiovisuel" sur le territoire azuréen. Cette démarche a été reconnue par l'Unesco qui a intégré Cannes au réseau international des Villes créatives, dans la catégorie "Film", en novembre 2021.
Pour que cet écosystème voit le jour, les briques sont en train d'être posées une par une. Comme l'ouverture en septembre dernier du campus universitaire Georges Méliès à la Bastide Rouge, dédié aux métiers de l’écriture, de la création de contenu et du management de projets audiovisuels et qui abrite également une cité des entreprises. Quelques semaines auparavant, c'était la création de Cineum Cannes, un multiplexe ultra-moderne de 12 salles et 2 426 fauteuils, signé Rudy Ricciotti. Pour le musée du cinéma, le dossier a été enclenché il y a deux ans par un vote de la collectivité.
Cannes : Universcience va piloter le projet de musée du cinéma
Faire vivre le festival toute l'année
Assistée de son AMO (Assistant à maîtrise d'ouvrage) Universcience, établissement public national de diffusion de la culture scientifique qui gère à Paris le Palais de la découverte et la Cité des sciences et de l'industrie, de partenaires institutionnels de référence tels la Cinémathèque française, le Centre national du cinéma et de l'image animée ou l'Association française du Festival international du film (Affif), la Ville a déjà une idée précise du contenu que proposera cet équipement. « Notre objectif est de faire vivre le festival toute l'année et pas seulement deux semaines par an. Pour cela, le musée du cinéma devra être un équipement à la fois patrimonial, innovant et ludique » détaille le maire. « Ce ne sera pas qu'un musée d'histoire mais un lieu vivant, de réflexion, de création et d'émotion », ajoute Thierry Frémaux, délégué général de l'Affif.
Prévu sur environ 18 000 m2, ses surfaces d'exposition s'étendront sur 5 300 m2, organisées en plusieurs espaces et thématiques. Il accueillera notamment :
- une exposition permanente sur l’histoire du cinéma mondial, réalisée par la Cinémathèque française (2 500 m2),
- un espace dédié au Festival de Cannes, conçu par l'Affif, (1 000 m2) pour plonger dans son histoire et son univers,
- des plateaux de tournage pour les enfants (500 m2),
- un studio lab (300 m2) proposant à tous les publics la réalisation de tournages, la fabrication de prototypes ou de décors,
- un espace pour accueillir les grandes expositions temporaires blockbusters (1 000 m2),
- un auditorium destiné aux rencontres avec les professionnels et le grand public (650 places),
- et des activités commerciales (restaurant, café, boutique concept store) sur 1 500 m2.
Le mode de réalisation à l'étude
Dans la foulée de la définition de cette programmation artistique et culturelle, la Ville va s'attaquer à présent à la mise au point du programme architectural. « Nous envisageons de lancer un concours international d'architecture en fin d'année et nous menons également une réflexion sur le mode de réalisation de ce projet », précise Maud Boissac, directrice des affaires culturelles à la ville. Sur ce plan, les pistes sont nombreuses : partenariat public-privé, recours à une Sem (Société d'économie mixte), concession, etc., avec le principe que si la Ville financera une partie du projet, elle devra s'appuyer sur d'autres partenaires publics et avoir recours également à des privés. « Nous évaluons le coût de ce musée à 200 millions d'euros ce qui nécessite cette participation du privé. Mais nous déjà des contacts et la principale difficulté se situe plutôt dans la cheminement administratif et réglementaire d'un tel projet », constate David Lisnard.
Pour le site d'implantation, la Ville s'oriente vers les deux hectares de l'avenue du Dr Picaud, proche du centre-ville, un foncier maîtrisé. Pour l'ambition architecturale, elle est forte puisqu'il s'agit de doter Cannes, ville internationale, d'un « Guggenheim ou du Beaubourg du 7e art », à même de concurrencer le musée du cinéma de Los Angeles signé Renzo Piano, qui a ouvert en 2021 et qui a coûté 400 millions de dollars. Le scénario envisagé prévoit un lancement des travaux en 2025 et une livraison à l'horizon 2028.