Si dans l’esprit des estrangers, Marseille est une ville entre ciel, mer et collines, le quotidien des Marseillais et Marseillaises n’en est pas moins fait de béton et de bitûme. Une problématique profonde surtout par temps de canicule, longtemps laissée sous couvert au temps où l’urbanisme n’était pas forcément réfléchie en conséquence.
Et pour contrer les îlots de chaleur urbains (ICU) dans une ville (sur)bétonnée, les arbres deviennent une des solutions des pouvoirs publics. Ils permettent de purifier l’air en absorbant le CO2, les particules fines et autres gaz polluants. Ils rafraichissent l’air et le sol par phénomène d’évotranspiration et abaissent la température. Enfin, ils limitent l’érosion des sols et filtrent l’eau souterraine... Rassemblés sur des espaces concis, ils favorisent les îlots de fraîcheur.
Marseille en demande de vert
« On n’en a pas l’impression par le réseau des collines et des calanques autour, mais la réalité est que la ville est très bétonnée avec peu d’espaces verts, difficilement accessibles. Les espaces publics sont résiduels plutôt que verts et sont finalement ceux qui restent par rapport au foncier. Marseille a perdue 20 % de ses arbres depuis 70 ans », a martelé Mathilde Chaboche, adjointe à l’urbanisme et au « développement harmonieux », lors des rencontres internationales sur l'arbre dans le projet de paysage en Méditerranée, qui se sont tenues fin mai à Marseille. Ces rencontres ont été organisées par la Fédération française du paysage (FFP) en accueillant notamment le Mediterranean Network, groupe de travail d’architectes-paysagistes des pays de Méditerranée.
Dans les rues adjacentes aux artères de la ville, les espaces verts sont pour la plupart du temps de l'ordre du foncier privé. Il peut y avoir des kilomètres de rues sans aucun arbre ou un coin à l’ombre. Nous retrouvons au mieux des arbres d’une cour intérieure qui dépassent le long des murs et donnent sur la rue.

« La remise en cause de la pensée sur l’espace de la ville s’est construite depuis une dizaine d’année » explicite Guerric Péré. Cet enseignant à l’école supérieure nationale de paysage de Marseille et qui a, entre autres, fondé l'agence Ilex et paysages urbanisme intervenait également à la conférence organisée par la FFP. De nouvelles pratiques sont instituées aux élèves tout comme aux concepteurs-paysagistes dans les projets. « Les commandes de marchés publics ne sont plus pour embellir la ville, mais pour la rendre habitable, pour que les gens se sentent bien. La mentalité de la commande a changé », détaille l'enseignant.
Tout à construire
« Le renouveau de la question paysagère s’inscrit dans le cadre marseillais avec une vision rock and roll. Tout est énormément délaissé, sous géré et sous aménagé : écoles, voiries, parcs... »
Effet du réchauffement climatique, la réflexion et les actions sont aujourd’hui, largement portées sur la renaturation des centres urbains par les pouvoirs publics, avec notamment la nouvelle municipalité de Marseille qui placela nature en tant qu’enjeu de santé publique. Par ailleurs, la ville est devenue lauréate depuis mars 2022 du programme européen des Cent villes neutres en carbone d’ici 2030.
Mathilde Chaboche : « Le retour de la nature en ville est un enjeu de santé publique »
La jungle de projets hors-sols
La nouvelle majorité, à la tête de la Ville depuis deux ans, a créé une charte de construction durable « qui compose avec ce qui est déjà là : l’architecture et le végétal », explique Mathilde Chaboche. Avant d’ajouter : « On ne parle pas de quatre jardinières mais de tout un volet bioclimatique et d'un plan organique. On nous a proposé un projet de façade avec une jungle tropicale, irréalisable... ». L’élue a notamment exercée en tant que socio-urbaniste.

L'Agam avait notamment réalisé en juin 2020 une carte de la nature en ville à Marseille.