Noyée en décembre 2003 par une inondation, Caderousse peut se targuer aujourd'hui d'être une commune à énergie positive avec la mise en service, par la Compagnie nationale du Rhône (CNR) - dont elle héberge déjà une centrale hydroélectrique -, d'un parc photovoltaïque. Conçu pour une puissance de 14 MWc, il devrait produire chaque année 26,7 GWh, soit l'équivalent de la consommation électrique domestique annuelle, chauffage compris, d'une population de 10 700 habitants (la commune en compte environ 2 700).
« Cette énergie verte est incontestablement un plus, souligne le maire, Serge Fidèle, notre pays étant très en retard en matière d'énergies renouvelables par rapport à ceux d'Europe du Nord ».
Treize millions d'euros ont été investis par la CNR et la Caisse des dépôts pour sa construction. « Les toutes premières études ont commencé fin 2015 dans l'objectif de valoriser notre foncier concédé, explique Cécile Magherini, directrice de la Direction des nouvelles énergies de la CNR. L'espace disponible avoisinait la trentaine d'hectares, au-dessus de la ligne 400 KV. Nous en avons utilisé 25. Nous avons gagné du premier coup l'appel d'offres de la Commission de régulation de l'énergie (CRE). Fin 2018, le permis était purgé de tout recours. Nous avons entamé les travaux dans la foulée ».
Plusieurs entreprises régionales ont été associées à sa réalisation autour de la CNR, de Bouygues Energies & Services pour les travaux électriques ou de SunPower pour les panneaux solaires : les vauclusiennes Sabatier pour les terrassements, Alians TP, la Société vauclusienne de traitement, la gardoise Environnement Bois Energie et, dans les Bouches-du-Rhône, Saniez (clôtures) et la Câblerie Saint-Antoine. C'est Ineo, à Montpellier, qui assurera la maintenance du parc.
Participer à l'évolution des comportements
Pour Pascal Albagnac, directeur territorial Rhône-Méditerranée de la CNR, « les énergies intermittentes sont fluctuantes par nature, il y a donc une vraie logique à développer un mix énergétique autour du Rhône en favorisant la complémentarité eau-vent-soleil de nos moyens de production ». Cécile Magherini souligne un autre intérêt d'exploiter de telles installations sur des terrains où les conflits d'usage n'existent pas, outre d'éviter les risques de recours : les riverains montrent « une réelle appétence » pour ces projets dans un contexte où chacun mesure de plus en plus les effets du réchauffement climatique, le Vaucluse n'ayant pas été épargné durant l'été.
Pour Elisabeth Ayrault, PDG de la CNR, tous les comportements vont devoir évoluer, chez les citoyens, dans l'agriculture, l'industrie...
« Tout ce qui se dit n'est pas une plaisanterie sur ces changements climatiques, mais j'ai encore rencontré récemment un industriel qui les contestait. Nous avons une énorme responsabilité pour lancer ces cris d'alerte ».
