En ce jeudi 15 mars, ils sont une soixantaine de demandeurs d'emploi à arpenter les allées du Pôle culturel « Le XXe » à Savines-le-Lac pour rencontrer la vingtaine d'entreprises venue proposer 65 offres d'embauche. Hubert Ourrier est de ceux-là. « Un CDI aujourd'hui, c'est le Graal », lance le chauffeur qui a l'habitude de ce genre de rendez-vous, tout comme Serge, 35 ans d'expérience, à la recherche d'un poste de conducteur de travaux.
Alors qu'il perdait des emplois depuis plusieurs années et recourrait massivement à l'intérim pour s'adapter à son carnet de commandes, le BTP a désormais besoin de main-d'œuvre pérenne et qualifiée. « Pour être au rendez-vous de la reprise, les entreprises doivent réinvestir dans la compétence et la formation de leurs collaborateurs. La visibilité économique actuelle leur permet enfin d'envisager des recrutements en CDI », observe Stéphane Scarafagio, président de la fédération du BTP 05, à l'origine de ce forum, après une première édition organisée l'an dernier avec Bouygues. « Beaucoup de technicité est demandée. Or les personnes qualifiées ont déjà un emploi. Il faut investir dans la formation et inciter les jeunes à choisir le BTP », corrobore Dominique Jourdan, responsable équipe entreprise à Pôle Emploi.
Des besoins dans les Hautes-Alpes et le grand Sud-Est
En 2017, le chantier Haute Durance de RTE (Réseau de transport d'électricité) a compté jusqu'à une centaine de travailleurs haut-alpins, de juin à mi-novembre. Les deux tiers étaient employés par des entreprises locales, le tiers restant étant embauché en intérim. Les années 2018 et 2019 suivront la même tendance. « Avant, l'objectif du comité HDI était de faire se rencontrer les entreprises nationales et locales pour qu'elles collaborent ensemble sur le chantier des lignes très haute tension voire en dehors du département. Maintenant qu'elles se connaissent bien, ce besoin existe moins. Désormais, la problématique est celle du recrutement. Les entreprises recherchent beaucoup de chauffeurs poids lourds, de chefs d'équipe, de manœuvres, électriciens, grutiers... », constate Laurence Lessard, directrice de projet chez RTE.
Omexom, spécialiste des infrastructures haute et très haute tension, intervient sur le grand Sud-Est. « Nous recrutons des CDI. Le problème, c'est que nos employés doivent se déplacer. Ils partent loin de chez eux la semaine et reviennent le week-end pour des chantiers qui durent parfois plusieurs mois », explique Marie-Hélène Dupin, DRH d'Omexom.
Guillaume Robelin, chef de groupe chez Fayat, entreprise nationale du bâtiment, était lui aussi venu embaucher... pour des projets en dehors des Hautes-Alpes. « Nous avons du mal à recruter dans certaines régions, en particulier dans les grandes villes où il y a beaucoup de travaux. » L'entreprise de BTP locale Allamanno, basée à L'Argentière-la-Bessée, elle, cherchait plutôt des candidats du nord du département, là où se situent à la fois son siège et les gros chantiers actuels. « On ne peut pas, en plus des huit heures de travail quotidiennes, passer trois heures sur la route », considère Serge Garneri, directeur de travaux, heureux que ce forum se déroule en plein cœur du département, et non à Gap.
Avis aux manœuvres, maçons, chefs d'équipe et de chantier de l'Embrunais et du Briançonnais...