Depuis plus d'un mois, les trésoreries souffrent, les patrons stressent et les salariés aussi. Dans les Alpes-de-Haute-Provence, d'après une étude réalisée par la Chambre du commerce et de d'industrie territoriale, près de neuf entreprises sur dix, toutes activités confondues, ont vu leur activité « très fortement impactée ». Dans le secteur du bâtiment et des travaux publics, elles étaient 88 % à subir de plein fouet la crise puisque deux semaines après le début du confinement, 70 % des entreprises du BTP étaient totalement fermées.
Malgré la création, le 29 avril, du fonds Urgence 04 pour les entreprises en difficultés d'un montant de 500 000 €, auquel 500 entreprises ont déjà demandé à bénéficier, le moral des chefs d'entreprise du secteur du BTP n'est pas bon. « Il y a beaucoup d'inquiétudes. Les principales difficultés en matière sanitaire sont le respect des distanciations, notamment dans les véhicules, et la fourniture des masques car même si la situation s'améliore, il y a toujours des difficultés d'approvisionnement », déplore Bruno Acciaï, secrétaire général de la FBTP 04.
Il poursuit : « A ce jour, près de 70% des chantiers ont été relancés. Un peu plus de 60 % des entreprises ont pu reprendre leur activité. Cependant, les contraintes sanitaires entraînent des allongements de la durée des chantiers » mais aussi des surcoûts qui pèsent et pèseront sur les trésoreries pour plusieurs mois : « Sans les différentes aides mises en place par l'Etat, la Région et les collectivités locales, nous assisterions déjà à des défaillances », analyse-t-il.
« Ne pas gripper la situation demain »
Dans le secteur des travaux publics, Eric Toutain, président de la délégation bas alpine de la FRTP estime que 80 % des chantiers ont repris. « Si toutes les entreprises de TP sont touchées, les plus petites, comptant entre 15 et 20 salariés, ont un peu moins de mal à se remettre en ordre de marche. La plupart, comme la mienne, se sont réorientées, quand cela était possible, sur les marchés privés. » Signe que la situation s'améliore, Eric Toutain remarque que « plusieurs grands donneurs d'ordre, comme le Département des Alpes-de-Haute-Provence, recommencent à donner des bons de commande ». « C'est bon signe », juge-t-il.
Pourtant, là aussi les craintes demeurent : « Nous espérons que les appels d'offres et les chantiers vont être lancés malgré le contexte de crise sanitaire couplé à la période électorale. Car même si l'activité reprend à 100 % dans quelques semaines, nous craignons que le plus difficile soit dans quelques mois, quand les carnets de commandes seront vides. » prévient-il. Et de poursuivre : « Nous demandons aux élus de lancer les chantiers et les appels d'offres maintenant pour ne pas gripper la situation demain. »
Reste aujourd'hui à changer les méthodes de travail pour respecter la distanciation, gérer les surcoûts liés à l'achat de matériel de protection, faire tenir le coup à la trésorerie jusqu'à la sortie de crise et à trouver des solutions d'hébergements pour les salariés travaillant sur des chantiers hors département, dont beaucoup d'entreprises bas alpines dépendent. Pour l'heure, en Provence-Alpes-Côte d'Azur, des plateformes numériques répertorient 160 hôtels et pas loin de 250 solutions de restauration pouvant accueillir les ouvriers du BTP.