« Les travaux qui sont réalisés aujourd'hui sont ceux que la crise sanitaire a reporté. Mais au-delà de cette reprise salvatrice, au-delà de l'été, de quelle activité nos artisans et nos entreprises vont se nourrir ? » s'inquiète Julien Rey, le président de la fédération bas alpine. Au 15 juin, une étude de la Cellule économique régionale de la construction annonce une baisse du nombre cumulé de marchés publics publiés de l'ordre de 40% dans le département des Alpes-de-Haute-Provence. En 2019, 225 marchés avaient été lancés entre janvier et mai contre seulement 133 cette année sur la même période. Une tendance de contraction de la commande publique qui s'observe dans tous les départements de la région et qui inquiète sérieusement le secteur.
« Les entreprises n'ont aucune visibilité »
Si le président de la fédération craint un effondrement du secteur de la construction à l'horizon 2021, qu'en est-il précisément de la situation des entreprises locales du BTP ? « Quasiment toutes ont repris le chemin des chantiers mais pour septembre les carnets de commandes sont toujours vides. Les entreprises n'ont aucune visibilité. Si aucune relance de l'Etat ou des collectivités locales n'est amorcée d'ici cet automne, il pourrait y avoir entre 15 et 20% de défaillances d'entreprises dans le département », prévient Bruno Acciaï, secrétaire général de la FBTP 04. Les mesures d'aides (report de charges, PGE et fonds de solidarité) auraient cependant permis d'éviter des défaillances immédiates.
Eviter un trou d'air en fin d'année 2020
Pour l'heure, 800 entreprises du département auraient bénéficié du fonds de solidarité (volet A) de l'Etat. Mais les inquiétudes demeurent et parmi elles, l'installation tardive de certains conseils municipaux et intercommunaux qui vont entraîner un vote tardif des budgets (pas avant fin juillet pour certaines collectivités) et des chantiers forcément décalés. Seule raison d'espérer selon le secrétaire général de Fédération du bâtiment et des travaux publics des Alpes-de-Haute-Provence : les propositions de la Convention citoyenne pour le climat qui pourraient apporter un peu d'oxygène sur le volet rénovation. En région, la rénovation énergétique des bâtiments pourrait représenter jusqu'à 80 % de l'activité des entreprises et plusieurs centaines de millions d'euros par an.