TPBM : C’est la première fois que vous veniez dans un département à l’occasion des voeux, pourquoi?
Bruno Cavagné : On va assez peu dans les départements et en même temps, on voit bien qu’avec la loi NOTRe* on a besoin de rester près du terrain, que les entrepreneurs nous voient.
Qu’est-ce qui a décidé votre fédération à rédiger douze propositions?
On a été jusqu’à écrire un texte de loi. Ce sont douze propositions de bon sens qui sont basées sur un triptyque : cohésions sociale et territoriale, croissance verte et compétitivité. Nous avons un pays a deux vitesses, avec une France des métropoles qui avance beaucoup et une France du monde rural qui patine. Si nous n’y prendrons pas garde, les écarts vont encore se creuser. Finalement, on demande un projet, une gouvernance. L’idée est aussi de demander que les collectivités locales, nos premiers clients, sachent exactement ce qu’il va se passer juridiquement, fiscalement. Nous avons besoin de stabilité. Le choix du financement via le contribuable ou via l’usager se pose. Personnellement, je suis favorable à ce que l’usager finance, à condition que le contribuable voie ses impôts baisser. Une charte en sept points issue de ces douze propositions sera soumise aux candidats à la présidentielle lors d’une grande journée au Carrousel du Louvre, le 23 février, autour de la question des infrastructures. Nous leur demandons de s’engager sur un projet pour les cinq ans à venir, ainsi que sur le financement privé comme public.
Parmi ces douze propositions figure la création d’un conseil d’orientation des infrastructures. Pourquoi?
Avant tout chose, il faut se demander ce que l’on veut faire au niveau national et des collectivités locales. Quand l’argent public est rare, il faut le dépenser à bon escient et il faut une programmation. Tant qu’on ne fera pas cet effort de réflexion en amont, on n’y arrivera pas. Ces dernières années, nous n’avons pas eu de politiques publiques cohérentes et volontaristes en termes d’infrastructures. Il s’est fait des choses, bien sûr, mais il nous manque vraiment une politique cohérente et de programmation. On est incapable aujourd’hui dans ce pays de se projeter en amont, on fait tout à la petite semaine. On demande aussi un vrai ministre des infrastructures et des transports rattaché soit au Premier ministre, soit au ministre de l’Economie. Il est nécessaire de remettre les infrastructures au coeur de l’économie. Les besoins de travaux supplémentaires atteignent les 10 milliards supplémentaires par an. Nous avons fait plusieurs scénarii, le plus optimiste suggérerait que l'on soit capable de recréer les 35 000 à 40 000 emplois qu’on a perdus depuis 2008, tandis que le plus récessif rendrait possible la destruction à nouveau de 35 000 à 40 000 emplois. Notre activité a chuté de 27% entre 2008 et 2015, notre chiffre d’affaires est passé de 42 milliards d’euros à 36 milliards d’euros aujourd’hui. Il y a vraiment un choix économique à faire.
* Nouvelle organisation territoriale de la République