C’est la plus spectaculaire évasion de l’histoire des Baumettes. En sept mois, les équipes de Demcy, marque du groupe Eiffage, doivent faire disparaître une douzaine de bâtiments. Ces 43 000 m2 constituent la partie la plus ancienne du célèbre établissement pénitentiaire marseillais. Ils sont rasés pour laisser place aux Baumettes 3, une nouvelle prison plus grande et moderne.
Marseille : Eiffage construction Sud-Est et Groupe-6 vont réaliser les Baumettes 3
Pour l’instant, le site situé à l’angle de la traverse de Rabat et du chemin de Morgiou, ressemble à une carrière de quatre hectares, avec des monticules de gravats et encore quelques morceaux de bâtiments. Le tout est ceinturé d’un imposant mur d’enceinte et de miradors. Si le mur intérieur est tombé, l’extérieur, qui accueille des sculptures d’Antoine Sartorio, est classé et sera conservé. Mais il ne faut pas s'y tromper. L’opération, qui a débuté fin septembre, avance vite : début décembre, « 50 % du travail de démolition des superstructures a été réalisé », souligne Igor Manus, le conducteur de travaux. Les équipes d'Eiffage ont commencé par le haut, en rasant en premier les bâtiments B et C.
Lors de notre viste début décembre, une grande pelle sur chenilles, équipée de cisailles hydrauliques, grignotait les murs du bâtiment A. Pendant plusieurs décennies, ils ont accueilli les cellules des détenus. A l'extérieur les engins sont survolés par un nuage, non pas de poussière, mais de fines gouttes d’eau. Elles sont propulsées par deux brumisateurs géants qui les arrosent.
Trier et valoriser
A l’intérieur des bâtiments, les détenus et les gardiens ont laissé la place aux ouvriers - ils sont chaque jour 30 à 40 sur l'ensemble du site. Même si le gros du chantier est mené par plusieurs pelles mécaniques, un travail de déconstruction plus méthodique est réalisé à la main. Dans les innombrables salles, couloirs, coursives et cellules, ils retirent et trient tout ce qui peut être réemployé, valorisé ou recyclé. Eiffage s’est engagé à mettre en place une approche de réemploi, même si aucune clause n’était prévue à cet effet. Une centaine de tonnes de gravats est ainsi réutilisée sur le site. On y trouve des portes, des meubles, des ustensiles de cuisines collectives, des agrées de sport…
« Ces démolitions représentent un total de 88 000 tonnes de bétons à traiter, sans oublier les 1 300 tonnes de ferrailles, 700 tonnes de DIB [déchets industriels banals, NDLR] et 400 tonnes de bois », précise Igor Manus, le conducteur de travaux. Trois tonnes de polystyrènes sont aussi détachées de certains murs, puis aspirées et stockées. Ces démolitions sont accompagnées d’une opération de concassage, puis d’évacuation des gravats et autres déchets.
Une attention particulière est apportée pour limiter les nuisances, notamment sonores. Des sonomètres ont été installés aux limites du chantier qui se déroule à quelques dizaines de mètres des habitants du quartier et des bâtiments des Baumettes 2, en service.
Place aux Baumettes 3
A partir de février, le terrassement commencera. Fin avril, le site doit être prêt à accueillir la dernière phase du projet : la construction des Baumettes 3.
Au total l’opération, portée par l'Agence pour l'immobilier de la justice, est estimée à 91 millions d’euros HT. Elle a été confiée au groupement piloté par Eiffage Construction et l'agence Groupe-6 architectes. A l'horizon 2025, ce nouveau centre pénitentiaire de 740 places doit ouvrir ses portes.