« Plus de 2 000 logements sont bloqués à l'instruction dans le département. Si rien n'est fait pour accélérer la délivrance des permis, nous risquons de connaître, une nouvelle contraction du marché l'année prochaine », alerte Jean-Marie Ebel, le président de l'Observatoire immobilier d'Habitat de la CCI Nice Côte d'Azur. Avec la crise sanitaire, le marché du neuf sur la Côte d'Azur a subi un coup d'arrêt au premier semestre 2020, avec des ventes en recul de 15 % (1 820 logements). Un recul limité toutefois, après une année 2019 exceptionnelle.
Mais ce qui inquiète fortement les professionnels, c'est l'évolution des mises en ventes qui ont plongé de 37 %, à 919 logements, au premier semestre, le niveau le plus bas enregistré depuis dix ans... Et les stocks se réduisent également avec 2 625 logements disponibles (-19 %).
« Nous subissons les effets conjugués de la crise sanitaire, des élections municipales, de la mise en place du Plan local d'urbanisme métropolitain et de recours qui repartent à la hausse », confirme Mathieu Garotta, représentant la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI) Côte d'Azur-Corse. « Si bien qu'actuellement, nous connaissons surtout une crise de l'offre, plutôt que de la demande », poursuit-il.
La FPI Côte d'Azur-Corse a recensé 1 000 logements refusés par les communes avant les élections et 900 bloqués à cause des recours.
CDC Habitat au secours des promoteurs
Si le marché reste à peu près stable - il a même progressé de 1,5 % en année glissante, de même que les prix (+1,7 %, 5 664 euros m² moyen) -, cela s'explique aussi par le plan de soutien massif au secteur de CDC Habitat. « Le plan 40 000 logements de CDC Habitat va représenter en Paca-Corse 6 800 logements acquis par notre groupe dont plus de 2 000 dans les Alpes-Maritimes », précise Georges Faivre, directeur de la Banque des Territoires Alpes-Maritimes.
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Acquis en Vefa (vente en état futur d'achèvement) dans les programmes immobiliers des promoteurs, ces logements destinés à la location se répartissent, dans le département, en logements intermédiaires (1 000), logements abordables (800) et logements sociaux (350). Ils sont attendus sur le marché en 2022-2023. Ils ont représenté pour les promoteurs un quart des ventes du premier semestre et 37 % des ventes du seul deuxième trimestre 2020. Sans cette intervention, le choc de la crise sanitaire aurait été beaucoup plus marqué. Pour le marché de l'existant, freiné au premier trimestre, il a retrouvé du dynamisme en mai et juin et les professionnels s'attendent à une « bonne année au global ».
Faciliter la production du neuf
Dans ce contexte incertain (demande présente mais tensions sur l'offre), les professionnels réclament plus que jamais des mesures de soutien à la construction de logements neufs : raccourcissement des délais d'instruction des permis, aides aux maires bâtisseurs (comme le prévoit le plan de relance), renforcement de la densité, accès à du foncier à prix maîtrisé...
Le BTP s'inquiète également d'une chute des carnets de commandes et « des surcoûts liés à la crise sanitaire pour les entreprises ; des surcoûts qui ne sont pas pris en compte dans les marchés privés », alerte Laure Carladous, président de la Fédération du BTP des Alpes-Maritimes. Dans un département où il faut entre 14 et 18 mois entre le dépôt d'une autorisation de construire et le démarrage du chantier, les professionnels de l'acte de bâtir attendent avec impatience la mise en place du permis numérique, prévue au 1er janvier 2022. « Nous devrions être un département pilote pour lancer cette dématérialisation, avant 2022. Nous la préparons actuellement avec la Direction départementale des territoires et de la mer et les autres partenaires du secteur de la construction », précise Jean-Marie Ebel.