3,3 milliards d’euros d’ici 2025 : c’est le montant des investissements prévus par la métropole Aix-Marseille Provence (AMP) dans son « agenda de la mobilité » présenté ce 2 décembre. Cette feuille de route a été votée lors du conseil métropolitain du 15 décembre. Elle s’est fixée l’objectif d’« en finir avec le tout voiture » (94% des déplacements métropolitains de plus de 7 km s’effectuent en voiture, avec une moyenne de 1,3 passager par véhicule) « en doublant l'usage des transports en commun d'échelle métropolitaine et en augmentant de 50% celui des transports locaux à l'horizon 2025 », indique Jean-Pierre Serrus, le vice-président délégué aux transports du nouvel Établissement public de coopération intercommunale (EPCI). Dans le même temps, la part modale de la voiture devrait diminuer, passant de 58 à 50%, quand celle des déplacements « actifs » (vélo, marche à pied) grimperait de 25% (de 32 à 37%).
Un réseau « Premium » de 200 km
Pour atteindre ces objectifs, AMP entend déployer un réseau de lignes de transports en commun en site propre « Premium » de 200 kilomètres : dix lignes de Bus à haut niveau de service (à Marseille, Aix, Martigues, Aubagne, Port-de-Bouc, Miramas, Istres et l’extension de la ligne Zenibus entre Marignane et Vitrolles pour 114 km), trois lignes de TER dont la modernisation est programmée au Contrat de plan Etat-Région 2015-2020 (Marseille-Aix, Marseille-Aubagne et Marseille-Miramas) et une ligne de tramway périurbain (le Valtram dans le pays d’Aubagne, 14 km).
Ce réseau baptisé « MétroExpress » nécessitera évidemment d’importants travaux d’aménagement que la métropole ne pourra pas financer seule.
« Les 3,3 milliards nécessaires d’ici 2025 représentent un engagement annuel de 330 millions, soit trois fois les investissements consentis par les six intercommunalités entre 2009 et 2013 et autant que ce qui a été investi au cours des cinquante dernières années », calcule Jean-Pierre Serrus.
Pour apporter les 2 milliards manquants, les élus comptent sur les collectivités (région et conseil départemental 13) mais surtout sur l’Etat. « Car c’est un enjeu national ! », rappelle le maire de La Roque d’Anthéron.
Le 30 novembre à Paris, celui-ci et le maire de Marseille Jean-Claude Gaudin ont posé un premier jalon de la négociation future en présentant l’agenda à Alain Vidalies, le secrétaire d'Etat chargé des Transports. Ce dernier qui a jugé le projet « sérieux et innovant » aurait promis aux élus provençaux d’« être traités selon la même procédure que le Grand Paris ». Un parallélisme que les édiles aimeraient voir se concrétiser par la création d’une structure de maîtrise d’ouvrage ad hoc inspirée de la Société du Grand Paris, établissement public à caractère industriel et commercial qui doit piloter la mise en oeuvre d’ici quinze ans de « l’un des plus gros chantiers de l’histoire des transports urbains d’Europe », précise le document.
La balle dans le camp de l'Etat
La balle désormais lancée, « à l’Etat de prendre ses responsabilités », lance Jean-Pierre Serrus. Les services de Bercy et de l’Equipement vont mettre en place « une mission interministérielle qui va passer au crible l’agenda ». Cette instance composée d’inspecteurs généraux de l’administration devrait rendre « un rapport d’étape au mois de mars ». A la veille des prochaines élections nationales... Histoire de prendre date.