Historiquement, la station d’épuration de La Pioline, à Aix-en-Provence, traite l’assainissement, ce qu’on appelle le petit cycle de l’eau. Désormais, le biogaz, qui servait essentiellement à chauffer les boues des digesteurs, est valorisé à 100 % dans l’unité de production de biométhane.
« La crise énergétique et ses conséquences sociales nous obligent à repenser nos modèles. Ce dispositif permet de récupérer l’énergie, de la transformer en gaz domestique via les digesteurs, de la stocker et de la réinjecter dans le réseau de gaz de ville d’Aix-en-Provence. La finalité est vraiment de produire, à partir d’une économie industrielle existante qu’est le traitement des boues, du gaz méthane qui sera consommé par les Aixois », explique Stéphane Paoli, président de la Régie des eaux du pays d’Aix.
Aix-en-Provence : quand l’eau usée produit du biogaz
Pour Bruno Cassette, sous-préfet de l’arrondissement d’Aix-en-Provence, ce projet constitue une optimisation de la production et une valorisation du biogaz : « Le biométhane sera injecté dans le réseau de distribution de gaz pour alimenter, notamment, des usages de mobilité, tels que les véhicules roulant au gaz naturel. Ce qui répond également au fort enjeu de mobilité douce et propre de ce territoire ». Il a souligné l’aspect vertueux de ce projet qui permet d’améliorer l’empreinte environnementale de l’usine avec un bilan nettement amélioré (1 172 tonnes, soit 82 % de CO2 évités). Cette station d’épuration, après le système Géolide de Marseille, est la seconde station du territoire métropolitain et des Bouches-du-Rhône à produire un gaz vert à partir du traitement de ses eaux usées.

Valoriser le potentiel énergétique des boues
Le principe est simple, ou presque, il s’agit de valoriser le potentiel énergétique des boues, de les traiter et de les transformer, via l’épurateur, en une nouvelle ressource d’énergie verte et locale. « Les boues d’épuration, c’est-à-dire les bactéries qui ont servi à dégrader la pollution, à la manger, à la détruire, sont ensuite digérées. Durant cette phase de digestion, les bactéries détruisent et réduisent le volume de boues et dégagent du biogaz qui, jusqu’à présent, servait à chauffer les boues en circuit fermé », explique Guillaume Gerin, chef du pôle exploitation de la Régie des eaux du pays d’Aix. Une fois épuré et odorisé, le biogaz devient du biométhane qui est réinjecté dans le réseau de gaz de la commune. Cette énergie produite permet de chauffer des habitations ou de chauffer de l’eau. Les boues sont également traitées et déshydratées pour être transformées en compost agricole. Le biogaz produit représente l’équivalent de la consommation annuelle de 850 foyers et concerne essentiellement les quartiers de La Pioline, Les Milles, Montclar, Saint-Joseph et La Parade.
Un investissement important pour la station d'épuration de la Pioline
L’investissement est de 2,7 M€ hors taxes. Dont 1,249 M€ en fonds propres de la Régie des eaux du Pays d’Aix, et via des subventions : 970 500 euros par l’Agence de l’eau, 83 000 euros par l’Ademe, ainsi que 400 000 € par la Région Paca dans le cadre du plan France Relance. « Pour vous donner un ordre de grandeur, la ville de Nîmes, qui a réalisé à peu près le même type d’installation pour le même nombre de logements avec la même technologie, a investi environ 20 M€ pour obtenir ce résultat. Comment avons-nous réussi ? Parce que la mutualisation des moyens de production, notamment des digesteurs qui travaillent sur les eaux usées, nous a permis d’économiser près de 17 M€ pour obtenir une production énergétique de cette qualité », a précisé Stéphane Paoli. Il insiste sur la rentabilisation de l’investissement de cet épurateur puisque cette énergie est revendue à hauteur de 500 à 700 000 € par an à l’opérateur énergéticien. Ce qui signifie que l’épurateur est rentabilisé en trois ans, et en six ans hors subventions.
En chiffres
La station d’épuration de la Pioline a une capacité de 165 000 équivalents-habitants. La quantité d’eaux usées traitées est de 6 846 516 m3, représentant 85 % des eaux usées d’Aix-en-Provence et 65 % du volume global des eaux usées traitées dans le périmètre de la Régie. Le traitement des boues génère près de 1 950 tonnes de matière sèche chaque année.