Perché sur la montagne, non loin du lac de Serre-Ponçon, le sanctuaire Notre-Dame du Laus est un haut lieu spirituel et touristique, comptabilisant 55 000 nuitées, 200 000 pèlerins et autant de repas chaque année. Le site a subi moult transformations et extensions depuis sa création il y a 350 ans. Le précédent évêque, le très médiatique Mgr Di Falco, ambitionnait même d'y accomplir des travaux que d'aucuns qualifieraient de pharaoniques, faisant appel à l'architecte parisien Philippe Madec pour un projet de 13 à 14 M€.
L'actuel évêque, Mgr Malle, a totalement revu sa copie, à l'aide du directeur du site embauché il y a deux ans et issu de l'hôtellerie de luxe, Frédéric Levêque, et d'un groupe de travail dédié composé de bénévoles. « Le projet de Mgr Di Falco était trop cher, nous n'aurions pas pu réunir assez de dons. Il n'avait pas signé les marchés à l'époque pour permettre à son successeur de rester décisionnaire. Nous avons réétudié les choses, conformément à ce que nous sommes, un lieu très familial. Le but n'étant pas de créer un deuxième Lourdes », considère M. Levêque. Les travaux, débutés au mois de mai et étalés jusqu'en 2025, s'élèvent à 5 M€, financés uniquement par des dons.
Davantage d'accessibilité
Le pas leste, Frédéric Levêque arpente les allées et les couloirs du sanctuaire qu'il connaît comme sa poche. Mais ce n'est pas le cas de tout le monde. Consciente du problème, l'équipe a souhaité s'attaquer à la révision du plan de circulation. « Les gens arrivent et sont perdus. Ils doivent accomplir un grand tour pour atteindre l'accueil de l'hôtellerie, situé tout en haut », remarque, à juste titre, le directeur. La zone d'accueil sera désormais bien plus centrale, transférée dans un bâtiment qui servait auparavant de boutique, de bar et de salle des congrès.
« On y trouvera un bar, un espace lounge, un snack, la réception de l'hôtellerie et l'accueil des pèlerins. On l'a conçu un peu comme un hub d'aéroport où l'on trouve l'ensemble des services sur un seul pôle. De là, les visiteurs auront directement accès à la verdure et à la dimension pastorale avec la basilique. Tous les bâtiments seront connectés », indique M. Lévêque.
Le parvis du bâtiment sera au même niveau que la cour intérieure pour davantage d'accessibilité. C'est d'ailleurs dans ce sens que le flux a été entièrement retravaillé. Les pèlerins pourront se garer au pied du bâtiment, sur un parking qui existait déjà mais qui va être agrandi, en cassant l'ancienne porcherie, et dont l'accès sera facilité par la création d'une nouvelle route. A partir de là, les pèlerins rejoindront facilement l'accueil en empruntant un chemin accessible aux personnes à mobilité réduite. Au pied du bâtiment, l'actuelle grande salle des congrès, datant des années 1930, sera agrandie, remise aux normes et rendue modulable.
Cette première phase de travaux a débuté au mois de mai par le désamiantage du lieu. Les entreprises s'attaquent désormais au gros œuvre, « à tout ce qui fait du bruit », sourit le directeur, avant de commencer les fluides et la maçonnerie. Faire cohabiter les pèlerins et les travaux demeure un gros challenge et l'équipe veille à ce que les visiteurs soient les moins gênés possible. Le cabinet d'architecture gapençais Blay-Coulet a privilégié la présence du bois, du verre, et une grande ouverture sur la nature. Les jardins seront retravaillés et repaysagés et un accès dédié aux pompiers jusqu'à la basilique créé, partant de la cour intérieure. Cette première tranche devrait être livrée en juin 2022, pour un coût de 2,8 M€ TTC.
Agrandissement de la basilique
L'an prochain, le sanctuaire s'équipera d'une chaudière à bois couplée avec du biofuel, pour un investissement de 1 M€. « Nous cherchons l'opérateur qui nous fournira l'énergie », précise Frédéric Levêque.
La troisième phase sera la moins coûteuse et pourtant il s'agissait de la principale nécessité du sanctuaire : l'agrandissement de la basilique pour 400 000€. Il faudra cependant attendre 2025 pour en profiter du fait de contraintes juridiques (la basilique et le terrain n'appartiennent pas au sanctuaire), qui devraient être solutionnées prochainement. « On a un problème, trop de monde vient à la messe chez nous ! », plaisante le directeur. « L'hiver, environ 400 personnes arrivent à rentrer dans la basilique. L'été, on dépasse les 1000. » Des messes sont alors célébrées en plein air, sur le parvis, sous des tentes ou un grand chapiteau. Le transept, à droite, va donc être agrandi, ouvrant l'édifice à 230 personnes supplémentaires et donnant naissance à un cloître de verdure. « Ce qui répondra à nos besoins 350 jours par an. Pour les dates festives, nous utiliserons toujours l'extérieur. »
La taille de la basilique est effectivement en inadéquation avec la capacité hôtelière du sanctuaire, qui compte tout de même 260 chambres (600 places) avec cinq niveaux de confort, de l'auberge de jeunesse aux appartements qui n'ont rien à envier à ceux qui figurent sur Airbnb. Il faut dire que le site est en perpétuel chantier. Des travaux de très bonne facture réalisés en interne. Le bâtiment Sainte-Marie a été refait récemment. Les efforts se concentrent actuellement sur Saint-Jean. Il s'agit de transformer des chambres en studios pour y loger les prêtres. Le site fera appel à un prestataire pour l'isolation extérieure l'an prochain. Saint-Michel, le couvent et Sainte-Catherine vont être redécorés dans les deux ans. « La crise sanitaire nous a permis de redéfinir à la fois notre stratégie commerciale et les travaux à entreprendre », confie M. Levêque.
Le public du Laus a changé : « Dans les années 1960, des femmes seules venaient en retraite ; aujourd'hui, ce sont principalement des familles. Nous nous adaptons en proposant des chambres de plus grande capacité. C'est un peu comme le Club Med, mais au lieu d'avoir des séances de gym, vous avez des rendez-vous spirituels », s'amuse encore Frédéric Levêque, décidément très taquin. Tout un programme : altispi, ski-spi, week-ends spi...
La durée moyenne de séjour atteint trois nuits, le sanctuaire aimerait monter à cinq, en faisant rayonner les sites touristiques alentour. Le marketing n'est jamais bien loin, sous l'œil bienveillant de la Vierge Marie...
L'intégralité de l'article est à lire dans le n°1400 de TPBM (parution le 21/07/2021). Cliquez ici pour plus d'informations sur nos offres d'abonnement (à partir de 20€/an).