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120 millions d'euros sur la ligne du CRET métropolitain

120 millions d'euros : c'est le montant de l'aide que compte octroyer la région Paca à la métropole Aix-Marseille Provence d'ici 2020. Cette somme inscrite dans le contrat régional d'équilibre territorial (CRET) a été présentée en grande pompe à l'hôtel de région ce 20 juillet.
La région Paca va octroyer 120 millions d'euros à la métropole Aix-Marseille Provence dans le cadre du CRET.
Jean-Pierre Garufi - La région Paca va octroyer 120 millions d'euros à la métropole Aix-Marseille Provence dans le cadre du CRET.

Territoires Publié le ,

RenaudMuselier entouré de Jean-Claude Gaudin et de MaryseJoissains : à elle seule, l'image valait le déplacement. Les trois élus, aux relations parfois fraîches, avaient mis un mouchoir sur leurs rancœurs passées ce 20 juillet dans l'hémicycle de l'hôtel de région. Ciment de ce rapprochement ? Les 120 millions d'euros d'aides promises par la région Provence-Alpes-Côte d'Azur aux 92 communes de la métropole Aix-MarseilleProvence (AMP). Un coup de pouce triennal inscrit dans le nouveau dispositif des contrats régionaux d'équilibre territorial (CRET) mis en orbite sous la mandatureEstrosi. Dernière à en bénéficier, la métropole marseillaise est aussi la mieux dotée : avec ses 120 millions, elle va capter plus de la moitié des financements octroyés par la collectivité régionale depuis dix-huit mois : « Depuis le début de notre mandature, nous avons voté 25 CRET pour un montant global de 220 millions d'euros », a rappelé le président de la région Paca.

25e CRET

Dernière servie, la capitale régionale ne fait donc pas les frais des retards à l'allumage qui ont marqué son lancement, au début de l'année 2016. Une clémence finalement pas si étonnante de la part d'une institution présidée depuis peu par l'homme qui fut en son temps, comme il l'a souligné, l'un des grands promoteurs du projet de « Grand Marseille », préfiguration de la métropole AMP. « Nous avons souhaité laisser le temps à la métropole de s'installer. Laisser les polémiques et les combats politiques s'estomper pour bâtir ce contrat dans la sérénité et pouvoir sélectionner les projets qui s'inscrivent le mieux dans nos priorités et nos compétences régionales », a insisté Renaud Muselier. Exit la méthode du « tiroir caisse » où chaque collectivité disposerait d'un droit de tirage ad libitum auprès du guichet régional. « Je souhaite des projets visibles avec des résultats à trois ans, autour de plusieurs axes stratégiques : la transition énergétique et la croissance verte pour faire de Paca la vitrine des accords de Paris, le développement économique, la mobilité et l'aménagement et l'équipement ». Seront ainsi privilégiées les opérations les plus matures susceptibles d'être lancées rapidement afin d'optimiser l'effet levier.

Le calendrier s'annonce serré puisque toute la programmation devra être déterminée avant la fin de l'année 2017 en vue d'un lancement des projets dès le 1er janvier 2018. Cette feuille de route sera validée en novembre par un comité de pilotage associant les élus des six conseils de territoires regroupés au sein de la métropole. Un ultime sésame politique qui précédera le vote du contrat lors de la réunion plénière de décembre du conseil régional.

Du global au local...

Reste à connaître les critères de sélection. La maire (LR) d'Aix pointe le flou régnant sur la méthode. « Je serai constructive mais j'aurais aimé connaître la méthode de travail avec la métropole pour savoir comment seront déterminés les projets. Qui assurera la coordination ? Les territoires auront-ils voix au chapitre ou se contentera-t-on de privilégier les projets de la ville centre ? », grince Maryse Joissains. « Les communes feront remonter leurs dossiers aux conseils de territoires. La métropole proposera le cadre d'ensemble que nous ratifierons en fonction de nos priorités politiques », précise Renaud Muselier. In fine, la région arbitrera en veillant « à la cohérence » de la démarche avec un mot d'ordre : « soutenir des projets simples et concrets ». En clair, des projets à même « d'améliorer le cadre de vie » des habitants d'ici 2020. Une gageure compte tenu de la lourdeur de montage des opérations structurantes. Le risque sera évidemment de privilégier les coups partis et les projets dans les tiroirs des communes, à l'instar du premier budget de la métropole, simple addition des budgets des six EPCI* fusionnés en son sein. Un écueil qui inquiète certains édiles. « Il ne faudrait pas que la métropole profite de ce dispositif pour revoir à la baisse l'attribution de compensation vers les communes [aujourd'hui, AMP reverse 64% de son budget aux communes, ndlr]. Il faut que les maires puissent honorer les promesses faites à leurs administrés pour cette mandature », s'alarme Frédéric Guiniéri, le maire (SE) de Puyloubier. André Molino, le maire (PCF) de Septèmes est sur la même longueur d'onde. « Certes, il y a un énorme travail à accomplir sur les infrastructures de transports. Mais il y a aussi des travaux à réaliser au sein des communes qui ne coûtent pas des cents et des milles. Qu'en sera-t-il demain ? », s'interroge l'édile septémois. En d'autres termes, attention à ce que le CRET ne soit pas l'arbre qui cache la forêt de la baisse des dotations. A en croire Jean-Claude Gaudin, cette préoccupation n'est pas dénuée de fondement : « Lors de notre dernière rencontre avec les inspecteurs de la mission interministérielle chargée de passer au crible l'agenda de la mobilité métropolitaine, nous avons eu des remarques sur le niveau élevé de reversement aux communes. On nous a signalé que le taux de 64% était largement supérieur aux 25% en vigueur dans les autres métropoles. Je suis sûr que cette remarque figurera dans le rapport qu'ils rendront cet automne ». « La mission nous reproche de trop redistribuer aux communes au détriment des grands projets structurants », ajoute Sylvia Barthélémy, la présidente du conseil de territoire du pays d'Aubagne.

L'Etat attendu au tournant

Dans cette quête d'équilibre entre global et local, tous les regards se tournent vers l'Etat. Avec une critique résumée par Renaud Muselier : « l'Etat n'a pas mis les moyens nécessaires au bon fonctionnement de cette nouvelle collectivité. Il a placé la métropole dans un entre deux à la fois financier et institutionnel qui la fragilise. Et lorsque j'entends le président de la République demander toujours plus d'efforts à nos collectivités, je veux tirer la sonnette d'alarme ! Les collectivités territoriales ne peuvent pas être la variable d'ajustement de l'Etat ». Sur ce constat au moins, le consensus est de mise.

* Etablissement public de coordination intercommunale

120 M€ + 450 M€

Les 120 millions d'euros du contrat régional d'équilibre territorial (CRET) viennent en complément des 450 millions consacrés, chaque année, par la région au territoire de la métropole AMP, via le contrat de plan Etat-Région (CPER). La région est également la gestionnaire des fonds européens qui viennent au soutien des projets de la collectivité.

Dans le CPER, 40 millions d'euros sont ainsi consacrés à l'économie de la connaissance, notamment pour le développement et la restructuration des pôles universitaires et le soutien aux opérations de recherche.
160 millions d'euros sont destinés à l'accessibilité multimodale pour développer les infrastructures ferroviaires, routières et portuaires.

La région finance par exemple le programme de modernisation de huit pôles multimodaux métropolitains : Aubagne, Gardanne, La Ciotat, Marseille La Blancarde, Meyrargues, Miramas, Pas-des-Lancier et Vitrolles.
La région injecte également 40 millions d'euros dans les projets de rénovation urbaine à travers les six contrats de ville de la métropole, les onze quartiers d'intérêt national et les dix quartiers d'intérêt régional qui feront l'objet du nouveau programme national de renouvellement urbain (NPNRU).

Après le fonds régional d'art contemporain (Frac) et l'université régionale des métiers (URM), la région est partie prenante du projet de cité scolaire internationale qui doit voir le jour sur le périmètre d'Euroméditerranée. Une opération dont « le devis global est estimé « à plus de 115 millions d'euros », selon Renaud Muselier.

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