Soulagement, fierté, émotion se lisaient sur les visages des élus, venus annoncer le projet de pôle d'échanges multimodal de Gap, ce jeudi 31 mai. « Enfin une gare digne de ce nom pour une agglomération de la taille de Gap ! », se félicite le maire de la ville et actuel vice-président du conseil régional, Roger Didier. Des années que le dossier traînait dans les cartons, « enterré sous la mandature de Michel Vauzelle [ancien président PS de la région Provence-Alpes-Côte d'Azur, NDLR] », tance même l'édile.
Peu de communes de la taille de Gap ont un tel retard en termes d'infrastructures intermodales. Philippe Tabarot, vice-président de la région délégué aux Transports, avoue même avoir été choqué de voir des gens attendre leur train assis à même le sol dans le hall de la gare SNCF, faute de place pour les accueillir, lorsqu'il est venu constater l'état de l'infrastructure en 2016. Une gare, qui, comme beaucoup d'autres, n'est pas accessible aux personnes à mobilité réduite et dont l'intermodalité a besoin d'être organisée. « Vous êtes l'une des communes qui a le plus de lignes express régionales en car », observe Philippe Tabarot.
Un projet à 5,6 M€
Une fois cette visite effectuée, les études ont été relancées afin de passer à la phase opérationnelle. « La région compte 137 gares et il a fallu arbitrer. Le dossier de Gap est remonté en haut de la pile », souligne Philippe Tabarot. Les deux élus admettent qu'il a fallu parfois fouiller les fonds de tiroir pour trouver des financements car le projet, dans sa globalité, coûte tout de même 5,6 M€. « Le montage financier a été compliqué car le projet dans ses différentes parties dépend de certaines branches de la SNCF et de collectivités différentes », ajoute le vice-président régional. La délibération sera votée fin juin lors de la prochaine séance plénière du conseil régional. Le projet sera opérationnel au plus tard en 2022.
Et autour, un quartier entièrement requalifié
Pour la construction du pôle d'échanges multimodal, dont la maîtrise d'ouvrage est du ressort de la communauté d'agglomération Gap-Tallard-Durance, les premiers coups de pioche seront donnés courant 2019 pour une livraison en 2020. Sur la bien nommée avenue de la gare, un îlot central accueillera les cars autour duquel circuleront les voitures. Six quais seront réservés aux lignes express régionales et deux aux cars de tourisme. En sortant de la gare, à gauche, des places seront réservées aux taxis, aux personnes à mobilité réduite et à la dépose-minute. De l'autre côté, une continuité piétonne et cycliste sera créée pour rallier facilement le parking de Bonne d'une capacité de 700 places. Parallèlement, la gare SNCF sera totalement réhabilitée pour accueillir les voyageurs dans de bonnes conditions et les quais mis en accessibilité.
En face de la gare, sur l'actuel parking provisoire dont il est propriétaire de longue date, le promoteur marseillais Progéréal devrait construire près d'une centaine de logements avec places de parking, éventuellement des commerces, voire un hôtel ou une résidence services. « Le programme a évolué dans le temps. L'opérateur a revu sa copie à plusieurs reprises », confirme l'adjointe au maire de Gap déléguée à l'urbanisme Maryvonne Grenier. Pour l'heure, Progéréal n'a pas encore déposé de permis de construire car il affine son projet.
Quel montage financier ?
- Le pôle multimodal coûte 3 M€, financé par l'Europe (1,5 M€), la communauté d'agglomération Gap-Tallard-Durance (770.000€), la Région (620.000€), le Département (150.000€) et SNCF mobilité (10.000€). Maîtrise d'ouvrage : communauté d'agglomération.
- Le bâtiment voyageurs coûte 732.000€, financé par la Région (410.000€), SNCF gares et connexions (226.000€) et la communauté d'agglomération (un peu moins de 100.000€). Maîtrise d'ouvrage : SNCF gares et connexions.
- La mise en accessibilité des quais coûte 1,8 M€, financée par la Région (1,2 M€), l'Etat (456.000€) et SNCF réseau (186.000€). Maîtrise d'ouvrage : SNCF réseau.